Sachez que nous surveillons les centrales d'achat : si nous conduisons les inspections que j'ai évoquées, c'est parce que nous estimons qu'il faut examiner certains sujets de près – même si je ne peux pas préjuger du résultat des enquêtes.
En théorie, le regroupement des centrales d'achat au point où elles serviraient l'ensemble des distributeurs dans un secteur donné pourrait en effet présenter un risque. L'autorité nationale de la concurrence et la direction générale devraient alors établir la situation de position dominante – car, en l'absence de position dominante, nous ne pourrions pas réagir. Il faut ensuite déterminer si le pouvoir de marché est utilisé afin de réduire les prix au-delà d'un niveau qui semblerait logique, pour augmenter les marges des distributeurs. Si c'est le cas, c'est en fin de compte au producteur ou au consommateur qu'il reviendra de payer le coût que lié à l'extraction illégale de bénéfices résultant de la position dominante en question. Il faut cependant démontrer ces faits ; on ne saurait se contenter de suspicions sans preuves.
En l'absence de pouvoir de marché ou de position dominante permettant à un opérateur d'agir sans tenir compte du comportement de ses concurrents, les centrales d'achat peuvent avoir intérêt à réduire le plus possible les prix qu'elles obtiennent des grandes marques et des producteurs afin de faire baisser les prix finaux, d'où une hausse du nombre de clients dans les supermarchés concernés par rapport à leurs concurrents – à condition, naturellement, que tous les supermarchés ne soient pas contrôlés ou fournis par les mêmes centrales. En somme, je n'exclus pas l'existence de problèmes graves, et c'est pourquoi nous instruisons plusieurs dossiers précis.