Je dois malheureusement m'absenter, mais je voudrais abonder dans le sens de M. Mahjoubi. Cette commission d'enquête a beaucoup travaillé, nous nous sommes efforcés de décortiquer et de comprendre la mécanique de la grande distribution. Je dois avouer que le fonctionnement d'Amazon me paraît très complexe. Pourtant, les termes que vous utilisez se rapprochent de ceux de la grande distribution – vous parlez de plans promotionnels, d'acheteurs, d'espaces de vente, de déréférencement –, et vos fonctionnalités sont presque les mêmes. Mais il n'y a aucune réglementation derrière, si bien que vous passez complètement sous le radar de la loi française. C'est en tout cas mon sentiment.
Peut-être que ce manque de transparence m'obligera, en tant que rapporteur de la commission d'enquête, à faire des propositions qui n'iront pas dans votre sens. Je peux le déplorer. J'espère que nous pourrons travailler ensemble avant la rédaction du rapport afin que ma vision de votre entreprise et de son fonctionnement change. Autrement, je serai contraint de proposer des mesures qui ne vous conviendront peut-être pas. Iront-elles dans le sens de l'histoire ? Ce que je sais, c'est que je ferai tout pour protéger le consommateur, l'agriculteur, le transformateur, l'industriel français, face à un groupe qui, à mon goût, manque de transparence. J'ai besoin de personnes qui m'aident, pas d'individus qui bâtissent des murs et qui empêchent toute communication pour faire leurs affaires de leur côté et laisser le législateur légiférer de l'autre.
Un grand dirigeant de la grande distribution a déclaré : « La loi, je m'assois dessus quand elle est contre moi ! » – nous le recevrons demain. Je pense qu'il révisera son jugement car il aura sans doute besoin de nous contre les nouvelles initiatives des sites internet.
J'espère que nous pourrons nous revoir dans un contexte différent, où la transparence prévaudra.