Je reviens sur le cas de Soir 3, qui permet d'aborder de nombreuses questions touchant aux modifications d'usage mais aussi aux choix à opérer pour le service public. J'ai lu très attentivement la réponse de M. Letranchant ; il donne des éléments précis et explique en particulier que si vous investissez dans une chaîne d'information en continu, ce n'est pas pour rivaliser stricto sensu avec les autres chaînes de ce type. Mais comment pondérez-vous l'exception culturelle, l'audimat et la responsabilité que vous confèrent vos missions de service public dans un monde où, ce n'est pas faire offense aux journalistes de le dire, il y a un problème avec l'information ? Quand on passe trois jours à gloser sur un tweet, quelque chose ne va pas dans notre démocratie. Les médias n'en sont pas les seuls responsables mais ils ont une part de responsabilité dans cette situation. Mon inquiétude, c'est qu'une chaîne d'information continue doit faire de l'audience. Lors du mouvement des Gilets jaunes, je n'ai pas vu grande différence entre Franceinfo et d'autres chaînes d'information continue : à un moment, Franceinfo a, pendant quatre heures, relayé les images de trois personnes sur les Champs-Élysées alors même que la manifestation annoncée n'était pas commencée… En revanche, je vois la spécificité de Soir 3 en termes de savoir-faire des équipes dans des métiers qui, à mon sens, ne sont pas terminés. Au contraire, ces métiers permettent de penser des transitions, qui supposent un accompagnement. Sa spécificité tient aussi au lien entre l'ancrage territorial et le national. En coupant ce lien, vous supprimez ce qui fait la spécificité de France 3 et son succès, car l'audience existe ; si elle a un peu périclité, c'est aussi dû aux changements incessants de l'horaire de diffusion de Soir 3.