Intervention de Delphine Ernotte

Réunion du mercredi 24 juillet 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions :

Madame Dubois, france.tv AD est en effet une innovation qui permet aux malvoyants d'écouter nos émissions en direct et permet également de régler le son de nos programmes via des enceintes connectées. Cela fonctionne notamment pour C dans l'air, qui est aussi disponible en podcast.

Au-delà des mesures visant à rendre nos programmes accessibles aux personnes handicapées, je voudrais insister sur trois fictions : la série Astrid et Raphaëlle, dont l'une des deux protagonistes est une autiste ; la série numérique Mental ; enfin, le programme court Vestiaires, qui montre avec drôlerie comment les personnes en situation de handicap se moquent d'elles-mêmes.

Madame Tolmont, j'ai déjà évoqué la question de France 4. Nous sommes là face à des arbitrages gouvernementaux, dans lesquels l'Assemblée a d'ailleurs également son mot à dire.

Monsieur Reiss, l'héroïne de la saison 4 de Skam porte en effet le voile, mais j'engage tous ceux qui m'en parlent à regarder la série pour constater qu'il n'y a rien de manichéen dans le scénario, qui met en scène une jeune fille tiraillée entre sa culture et son besoin d'émancipation. La série aborde donc la laïcité, mais sans la maltraiter.

Madame Mette, Netflix utilise des algorithmes lui permettant de déterminer peu ou prou quels vont être les choix du public. Pour notre part, nous ne pouvons évidemment ignorer ce type d'attentes, mais une de nos missions consiste précisément, non pas à offrir au public exactement ce qu'il attend, mais à lui proposer des programmes connexes, conformes à ses goûts mais susceptibles de modifier son regard sur un sujet. Il s'agit pour nous de maîtriser la technologie des algorithmes, sans en être prisonniers ; en d'autres termes, nous voulons marcher sur nos deux jambes.

Madame Provendier, en ce qui concerne Salto, il n'est pas question de mettre en cause la position de l'Autorité de la concurrence, qui ne fait que son travail, au regard de ce qu'est la réglementation européenne. Ce qu'il faudrait sans doute remettre en question, ce sont les règles européennes, auxquelles sont soumises les entreprises. C'est un problème structurel, qui dépasse le cas particulier de Salto. Par ailleurs, si nous pensions que les conditions n'étaient pas réunies pour faire de Salto un succès, nous aurions la liberté d'y renoncer, mais ce n'est pas ce que j'anticipe.

Madame Calvez, le taux de femmes expertes sur nos écrans est passé de 30 % en 2015 à 42 % en 2018, ce qui est un vrai progrès et montre que nous allons dans la bonne direction ; quant aux journalistes et aux présentatrices, il me semble que nous avons atteint la parité.

En ce qui concerne la représentation des femmes dans les fictions, nous avons à coeur de mettre à l'écran, notamment par le biais de soirées thématiques dont l'audience est généralement très bonne, des sujets ayant spécifiquement trait aux femmes, comme les violences conjugales, le harcèlement et les agressions sexuelles ou les féminicides. D'aucuns pourront nous dire que ce n'est pas très drôle, mais France Télévisions est aussi là pour se faire l'écho des problèmes sociétaux.

Toujours dans le domaine de la fiction, nous essayons également de renouveler les rôles féminins et de programmer des séries dont les héroïnes sont des femmes : je pourrais citer Capitaine Marleau, La Stagiaire, Speakerine, à quoi s'ajoutera une série historico-policière actuellement en tournage, dont l'héroïne est une femme qui se fait passer pour un homme.

Enfin, nous avons été les premiers à mettre le sport féminin à l'honneur, avec le tournoi des Six Nations féminin ou la Fed Cup.

Madame Granjus, vous m'interrogez sur les jeunes publics et l'école parallèle. Nous consacrons énormément de moyens à l'offre éducative que nous mettons à disposition du grand public et des enseignants. Reconquérir le jeune public est un véritable défi, dès lors que l'on s'interdit certaines émissions comme les programmes de téléréalité, dont on sait qu'ils marchent très bien mais qui n'ont pas leur place sur le service public. Il nous faut des contenus que nous puissions revendiquer, mais nous avons montré que nous pouvions en proposer, par exemple avec Skam. Nous sommes fiers de cette série, bien tournée, avec un scénario et des dialogues subtils, qui fait un carton chez les jeunes entre quinze et vingt-cinq ans.

Plus largement, la chaîne france.tvslash est spécifiquement dédiée à ces jeunes, qui vont découvrir progressivement comment nous retrouver. Pour cela, nous nous adressons de plus en plus à eux à travers les réseaux sociaux, en tentant de les ramener vers cet univers conçu pour eux et où ils trouveront des fictions mais également des séries documentaires ou des magazines d'information qui leur sont destinés. Cet ensemble, auxquels s'ajoutent le ludo-éducatif pour les petits et les programmes à destination des écoliers, participe de notre volonté d'aider à l'éducation du jeune public.

Madame Hérin, la question de la diffusion de l'ensemble de l'offre sur tout le territoire est un sujet important parce qu'aujourd'hui, lorsqu'on a accès à France 3 via une box, on ne peut accéder aux programmes régionaux. C'est un combat que nous menons auprès des opérateurs, pour que chacun puisse choisir son décrochage régional comme il l'entend. Nous travaillons également à renforcer l'offre numérique, car c'est par elle que peut passer l'accès universel à nos programmes, ce qui est en particulier un véritable enjeu pour nos compatriotes d'outre-mer.

Madame Mörch, la citoyenneté nous tient évidemment beaucoup à coeur, et je trouve fort bien que nous ne soyons pas les seuls à signer des chartes ! C'est un sujet qui doit concerner l'ensemble des médias, même si, vous avez raison, nous sommes plutôt en pointe sur ces questions. C'est depuis longtemps un axe fort de notre développement, au travers de notre réseau de journalistes citoyens, de nos master classes dans les établissements scolaires, de notre semaine de l'éducation. Vous avez évoqué notre convention avec le CIPDR, et l'on pourrait y ajouter ce que nous avons fait en faveur du service national universel, pour promouvoir sa première édition. Je pourrais poursuivre l'énumération, mais je voudrais surtout insister ici sur la problématique de la diversité sociale dans nos fictions et nos documentaires, car nous avons décidé d'être particulièrement vigilants en la matière et de nous engager pleinement pour le respect d'équilibres qui reflètent notre société.

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