Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mercredi 5 juillet 2017 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

Madame Rixain, outre qu'il convient de bien distinguer les établissements privés sous contrat et hors contrat, le développement des écoles hors contrat doit être analysé avec finesse, vigilance et attention. Vigilance car le ministre de l'éducation nationale doit veiller à ce que ce phénomène n'entraîne rien de négatif pour les élèves – je pense aux enjeux en termes de laïcité mais aussi de ce que j'appellerai de « lucrativité ». En effet, certains acteurs internationaux voient la France comme un nouveau marché – c'est d'ailleurs déjà une réalité dans l'enseignement supérieur, ce qui se comprend mieux – et cette évolution n'est pas bonne : si l'on peut souhaiter le déploiement d'établissements privés non lucratifs participant à une logique de service public, il faut veiller à ne pas sortir de ce principe en matière d'éducation.

Mais il convient également de faire preuve d'attention pour ne pas passer à côté d'expériences pédagogiques intéressantes ou innovantes. Je suis convaincu que l'enseignement public gagnerait à s'appuyer sur certaines de ces expériences. Ainsi, dans de précédentes fonctions, j'avais encouragé une expérience de type Montessori dans certaines écoles maternelles de zones d'éducation prioritaire afin de rendre cette pédagogie accessible à d'autres enfants que ceux des seules classes moyennes et supérieures. En tout état de cause, ces évolutions nous disent quelque chose, elles sont plus diverses qu'il n'y paraît et il convient donc d'y être attentif.

Je ne suis pas en mesure de vous donner aujourd'hui le nombre exact d'établissements concernés mais il vous sera communiqué. Le ministère peut à la fois observer et soutenir ces expériences puisqu'un département suit spécifiquement l'application de l'article 34 de la loi de 2005. De même, chaque rectorat dispose d'un chargé académique de la recherche, du développement, de l'innovation et de l'expérimentation (CARDIE), qui suit ces expérimentations et tous les projets innovants dans les établissements. J'ai l'intention de stimuler ces innovations au sein de notre système scolaire public. Parce que nous avons la volonté d'organiser des parcours de plus en plus personnalisés pour les élèves et de mieux accueillir les élèves en situation de handicap mais aussi les élèves dits « précoces », nous avons besoin d'un service public qui relève ce défi, au bénéfice de tous. Cela justifie pleinement d'expérimenter et de disposer de lieux répondant à ces besoins différents.

Merci de vos propos, Madame Genevard. Je pense que nous devons sortir de certaines querelles françaises, notamment celle qui oppose disciplinaire et interdisciplinaire : il nous faut les deux, notamment des disciplines solides pour avoir une interdisciplinarité riche et fructueuse. C'est le sens des infléchissements que nous avons donnés à la réforme du collège. J'accorde une grande importance du français et des mathématiques, qui sont des priorités absolues. Le collège contribue encore insuffisamment aux progrès des élèves dans ces matières, les études le montrent. On constate parfois même une régression des élèves entre la sixième et la troisième… Des plans qualitatifs seront lancés dans certaines disciplines, notamment les mathématiques, afin de permettre un rebond disciplinaire, en termes tant d'articulation avec la recherche, de formation initiale et continue, d'outils pédagogiques et d'encadrement de ces disciplines.

Vous avez également raison en ce qui concerne le diplôme national du brevet (DNB), nous travaillons à un certain nombre d'évolutions.

L'enseignement des langues anciennes comporte de multiples enjeux, dont celui, majeur à mon sens, de civilisation : nous devons faire passer aux élèves le message que, derrière notre langue, se cache un substrat fondamental qui ne peut que les enrichir.

L'équité territoriale est un sujet essentiel auquel je suis particulièrement sensible, comme vous tous. La réponse que j'ai apportée dans l'hémicycle n'était pas que verbale : nous porterons – avec les moyens qui sont les nôtres – une véritable attention aux territoires ruraux, afin d'y recréer de l'attractivité et de la qualité pédagogique. J'y serai d'autant plus attentif que notre objectif est que tous les élèves disposent des compétences fondamentales à la sortie du primaire comme du collège.

Monsieur Garcia, il est vrai que la semaine de quatre jours est plus adaptée aux petits et celle de quatre jours et demi aux plus grands. Il faut donc faire preuve de souplesse. Je suis favorable à ce type d'initiatives lorsqu'elles sont possibles. Nous les accompagnerons si nécessaire par un soutien administratif.

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