Intervention de Vincent Descoeur

Réunion du lundi 2 septembre 2019 à 21h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Descoeur :

Si j'ai bien compris, madame la ministre, on dénombre 11 000 kilomètres de routes nationales non concédées, dont un tiers sont dépourvus de séparateur central : nous parlons donc de moins de 4 000 kilomètres de routes où la vitesse maximale autorisée, pour des raisons inexplicables, restera limitée à 80 kilomètresheure.

Je vous sais gré de prêter une attention particulière à l'amélioration de la RN122, qui traverse le Cantal d'est en ouest, mais convenez avec moi que le jour où elle sera dotée de deux fois deux voies avec séparateur, vous comme moi n'exercerons plus nos fonctions ! L'application ViaMichelin m'indique qu'il faut deux heures vingt pour parcourir ce trajet de 120 kilomètres. Je ne demande pas que l'on puisse rouler à 90 kilomètresheure sur les parties sinueuses, mais que l'on puisse atteindre cette vitesse lorsque l'on double les véhicules lents - lorsque se termine l'estive, les nombreuses bétaillères circulent et vous êtes obligés de rester derrière à 45 kilomètresheure !

Si les routes nationales ne sont pas concernées par cet assouplissement, il ne s'agira alors que d'une demi-mesure, en trompe-l'oeil. Elle placera les départements qui ont le malheur d'être traversés par ces routes où les temps de trajet n'ont pas évolué depuis les années 1980 dans une situation plus compliquée qu'auparavant.

Je ne souhaite pas que les préfets excèdent leurs responsabilités, mais que nous, parlementaires, prenions la décision politique de les autoriser à déroger.

Vous avez dit, madame la rapporteure, que le Premier ministre ne ferait pas siennes les recommandations du CNSR. Me voilà rassuré ! J'ai toutefois entendu le délégué interministériel à la sécurité routière dire qu'il les faisait siennes, et je serai attentif aux préconisations des CDSR. Je vous mets en garde contre une désillusion, qui pourrait laisser place à la colère, si d'aventure des dispositions de ce type devaient être reprises, même partiellement.

Ainsi, les gens, qui roulent déjà à une vitesse moyenne de 60 kilomètresheure, ne pourront pas doubler sur les routes où la vitesse autorisée sera portée à 90 kilomètresheure ? Quelle idée ! Les bras m'en tombent ! Ce sera encore pire qu'avant. Vous avez le droit de rouler à 90 kilomètresheure, mais si vous vous retrouvez derrière trois vélos de front, une voiturette ou un engin agricole, vous serez contraint de les suivre à 25 kilomètresheure ? Mais dans quels esprits peuvent naître de telles âneries ? Je n'en dirai pas plus, j'en garde un peu pour la séance.

Encore une fois, prenez garde à la désillusion qui pourrait se faire jour ! Les Français ont cru comprendre que l'adaptation était possible. En marge de mon amendement, j'ai soulevé la question des modalités de cette adaptation. Je redoute qu'elles ne réduisent à néant tout le travail que nous avons mené ensemble – car la majorité, elle aussi, a soutenu cette mesure.

Pour ce qui est des routes nationales, je ne vois pas comment expliquer à ceux qui ne comptent pas un seul kilomètre de route en deux fois deux voies chez eux que la vitesse maximale autorisée restera limitée à 80 kilomètresheure. La mobilité avance pour tous, sauf pour eux. Aujourd'hui, cela n'est pas entendable !

Nous reprendrons cette discussion dans l'hémicycle. Le Premier ministre a consenti à reculer d'un pas. Mais il semble que cela ne soit pas de bonne grâce et que les présidents de conseil départemental éprouveront les plus grandes difficultés à adapter la vitesse maximale autorisée. Cela entraînera de la désillusion et une grande colère chez les usagers du réseau.

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