Après la rupture numérique dont vient de parler Mme Mathilde Panot, je vais en évoquer une autre : celle induite par le yield management, un mode de tarification flexible des billets de train. À l'instar des compagnies aériennes, la SNCF s'est mise à faire varier ses prix en fonction de divers facteurs, notamment du jour et de l'heure de départ ou du taux de fréquentation de la ligne empruntée.
Il est à noter que cette pratique a été introduite en même temps que le TGV faisait son apparition. Sur les longs trajets, elle est donc à l'origine d'une rupture d'égalité entre ceux qui ont les moyens de se payer un billet au prix fort et ceux qui doivent attendre d'être en période creuse, ou au moins que les vacances soient commencées depuis deux jours, pour pouvoir réserver.
Ainsi, sur la ligne Bordeaux-Paris, le prix du billet a doublé depuis qu'un train relie les deux villes en deux heures et quatre minutes. Ceux qui ont les moyens de débourser plusieurs centaines d'euros pour un billet empruntent ce train, ce qui leur permet de rallier Bordeaux à Paris en deux heures et quatre minutes, avec une arrivée à la gare Montparnasse ; pour ce qui est des autres, ils doivent se résoudre à voyager en trois heures et trente minutes, avec une arrivée, non pas à Montparnasse, mais à l'autre bout de Paris.
L'imprévisibilité du prix du billet est l'une des raisons qui dissuadent nos concitoyens d'utiliser le rail comme moyen de transport, alors que, outre sa simplicité, la tarification au kilomètre précédemment appliquée présentait l'avantage de permettre une péréquation.
L'amendement CD205 vise à mettre fin à la pratique du yield management afin que tout le monde puisse avoir accès au service du rail dans des conditions correctes, à un tarif juste et en relation avec la distance effectuée, sans devoir chercher des moyens de masquer son IP afin de tenter de contourner les algorithmes mis en place par la SNCF.