Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mardi 10 septembre 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Élection présidentielle en tunisie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur la situation en Tunisie, où se tiendra dans deux jours une élection présidentielle suite au décès du président tunisien. Le 23 août dernier, le candidat donné favori par les sondages a été arrêté et incarcéré. Il se trouve actuellement derrière les barreaux, si bien que c'est une chaise vide qui l'a représenté lors du débat entre les candidats à l'élection présidentielle organisé hier. Celui qui doit arriver en tête du premier tour et donc participer au duel du second tour, si l'on en croit des sondages tunisiens, se trouve ainsi une nouvelle fois empêché d'exposer librement son projet. Ce faisant, c'est l'ensemble des Tunisiens qui se trouvent empêchés d'exprimer un choix démocratique.

Je comprends bien que le rôle de la France n'est pas de s'immiscer dans les affaires judiciaires tunisiennes. Cependant, monsieur le Premier ministre, dans quelle démocratie voit-on, trois semaines avant le premier tour d'une élection présidentielle, le principal candidat incarcéré et accusé d'évasion fiscale et de blanchiment ?

Monsieur le Premier ministre, nous avons tous vu avec bonheur et espoir le printemps arabe qui a commencé en Tunisie. Nous avons vu que les Tunisiens étaient capables de résister aux dérives qu'ils ont connues par le passé. Or, aujourd'hui, nombreux sont les Français et, je crois, les Tunisiens qui s'inquiètent du déroulement d'un processus démocratique que l'on peut pour le moins qualifier de curieux, d'inquiétant, d'unique en son genre. La France, qui entretient des relations anciennes et amicales avec la Tunisie, se doit, me semble-t-il, d'exprimer cette inquiétude et d'exiger que le candidat puisse, le temps de l'élection, présenter son programme, au moins entre les deux tours.

Permettez-moi une plaisanterie, monsieur le Premier ministre. D'habitude, l'incarcération sert à empêcher la fuite. Or, quand on est candidat à une élection présidentielle, on ne cherche pas à fuir ; c'est plutôt le régime qui connaît une fuite en avant.

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