Monsieur le président Lagarde, vous m'interrogez sur les échéances électorales et l'élection présidentielle en Tunisie. Vous avez rappelé à juste titre les relations anciennes entre nos deux pays, qui sont des relations amicales, mais aussi des relations d'espoir puisque la Tunisie a connu il y a quelques années, comme la France, la déstabilisation terroriste – elle a fait le choix d'une vitalité démocratique qui lui permet de regarder le futur avec confiance.
Alors que le président Essebsi s'est éteint le 25 juillet dernier, une élection présidentielle doit se tenir afin de désigner un nouveau président de la République ; elle sera suivie d'élections législatives. En disparaissant, le président Essebsi a laissé un vide dans la vie politique et démocratique tunisienne. Il était, je crois, l'un des pères de la démocratie tunisienne et de la Tunisie moderne.
Organiser des élections dans un pays qui revient à la démocratie, ce n'est jamais simple, jamais acquis. C'est toujours un défi. La Tunisie doit donc aborder ce défi avec confiance – elle l'aborde, du reste, avec l'envie de montrer qu'elle n'a pas varié dans le choix fondamental qu'elle a réalisé.
L'objectif de la France est de faire en sorte que ces échéances électorales se déroulent dans les meilleures conditions possibles. Vous avez vous-même déclaré, monsieur le président Lagarde, qu'il n'appartient pas à notre pays – et certainement pas au Premier ministre – de s'immiscer ou même de commenter le fonctionnement des institutions judiciaires en Tunisie, ni les conditions générales d'organisation de l'élection. Comme vous, monsieur le président Lagarde, j'ai pris note de l'arrestation de l'un des candidats à l'élection présidentielle tunisienne. Je ne veux pas commenter cette décision prise par une autorité juridictionnelle, mais je veux dire combien nous sommes attentifs et confiants dans la capacité de ce pays à s'inscrire dans la ligne qu'il a lui-même choisie et que nous soutenons, politiquement et diplomatiquement, avec beaucoup d'engagement.
Ce qui se joue dans la démocratie tunisienne est essentiel non seulement pour la Tunisie – vous l'avez indiqué vous-même, monsieur le président Lagarde – , mais aussi pour la région entière, probablement pour la Méditerranée occidentale, et donc pour la France. À la suite de vos propos, je veux donc adresser à nos amis tunisiens un message de très grande attention, de très grande amitié, de très grande confiance et de très grand espoir que l'élection présidentielle puis les élections législatives seront à la hauteur des enjeux.