Monsieur le Premier ministre, chacun d'entre nous, ici, aime la Tunisie. Nous avons un lien intime avec ce pays ami. Je dirais même plus, ce pays frère. Ma question concerne l'élection présidentielle anticipée qui se tiendra en Tunisie le 15 septembre.
Winston Churchill disait : « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes. »
Le peuple tunisien a élu Béji Caïd Essebsi, grand commis de l'État, premier Président de la République, lors d'une élection présidentielle libre. Il nous a quittés cet été, précipitant la tenue de ce grand rendez-vous démocratique. L'enjeu est crucial pour la Tunisie.
En tant que député des Français de ce pays, on m'a fait part de plusieurs craintes concernant les risques de porter atteinte au processus démocratique actuel. En ce moment même, l'un des principaux candidats est enfermé dans une prison, comme l'a rappelé le président Jean-Christophe Lagarde, ce qui l'empêche de mener une campagne normale.
Ce même candidat, M. Nabil Karoui, a subi plusieurs manoeuvres pour l'empêcher de se présenter. La première a consisté à s'attaquer à la chaîne Nessma TV. La seconde a été de faire voter une loi électorale rétroactive afin d'éliminer sa candidature. Cette loi électorale n'a pas été promulguée par le Président de la République défunt, qui avait dénoncé le caractère anti-démocratique de ce texte. Son fils, Hafedh Caïd Essebsi, à la tête du premier parti politique tunisien, Nidaa Tounes, que j'ai reçu à Paris, m'a informé du risque de dérive autoritaire de l'exécutif.
Aujourd'hui, sans procès équitable, sans respect de la présomption d'innocence, Nabil Karoui est tout simplement emprisonné. L'Union européenne l'a déploré hier, dans un communiqué de presse.
Sans ingérence, dans le respect de la souveraineté nationale de ce grand peuple ami, quelle est la position de la France qui fait partie des observateurs de l'Union européenne ?