Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 10 septembre 2019 à 15h00
Mobilités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

… et vous dirai que je suis d'accord avec Mme la ministre Élisabeth Borne. Voilà donc que moi aussi, je me mets à faire de la pédagogie !

J'étais d'accord avec Élisabeth Borne quand elle a observé, en première lecture, que la mobilité était en panne en France, et que les Français en étaient les premières victimes. En revanche, je ne vous cache pas mon étonnement d'entendre la ministre affirmer que cette panne n'est pas le produit d'une inaction publique. Car de l'inaction, en ce qui concerne la ligne à grande vitesse Montpellier-Béziers-Perpignan, pour ne citer qu'elle, il y en a !

Certes, la ministre nous a confirmé cet été que l'État poursuivrait les acquisitions foncières de la ligne à grande vitesse pour un montant de 2, 5 millions d'euros. Je salue cet effort, même s'il reste symbolique comparé aux 5,5 milliards nécessaires à la totalité du projet.

Depuis deux ans, je martèle la nécessité absolue de s'attaquer à cette question, afin de raccrocher les wagons avec le XXIe siècle. Chez nous, la ligne à grande vitesse signifierait qu'il y aurait moins de voitures et moins de camions sur les routes, et par conséquent moins d'émissions de CO2. Chaque jour, pas moins de 13 400 camions passent la barrière de péage entre l'Espagne et la France. Cet argument devrait vous toucher, monsieur le ministre ! Je propose d'ailleurs, dans un de mes amendements, que la diminution des émissions de gaz à effet de serre liées au secteur du transport soit inscrite dans les principes généraux du plan de mobilité.

Pourtant, nous avons toujours un train de retard, puisque les travaux ne devraient commencer qu'entre 2028 et 2032 pour le tronçon Montpellier-Béziers, et entre 2033 et 2037 pour le tronçon Béziers-Perpignan. Autant dire qu'il faudra attendre les calendes grecques pour la grande liaison entre la péninsule ibérique côté méditerranéen, la France et le nord de l'Europe !

L'aménagement de nos régions en matière de mobilité est primordial. Il nous faut des diagnostics précis et des objectifs clairs pour que plus aucune partie de notre territoire ne soit laissée pour compte, loin d'un bassin d'emploi, d'une autoroute ou d'une gare desservie par une ligne à grande vitesse.

Si la crise des « gilets jaunes » a disparu des écrans télévisés, elle est toujours bien palpable chez nous. À cette crise, il faut répondre par la proximité. Cela ne s'invente pas et ne s'improvise pas. Il faut donc que l'État travaille main dans la main avec les communes, ce qui va dans le droit fil du projet de loi « Engagement et proximité » que nous discuterons prochainement, et qui vise à accorder davantage de libertés locales pour agir au plus près du terrain.

La proximité, c'est notamment répondre aux problèmes concrets des Français qui veulent se déplacer pour aller travailler. La proximité n'équivaut pas, sous couvert d'écologie, à privilégier les Français qui pourront pratiquer le covoiturage ou qui auront les moyens d'acheter une voiture à très faible émission de CO2, au détriment de ceux qui resteront sur le bord du chemin avec leur véhicule diesel.

Les voies de circulation réservées à certaines catégories d'usagers sont peut-être une bonne idée en région parisienne ou dans les métropoles, mais ne sont pas forcément adaptées à la mobilité quotidienne en milieu rural.

La proximité, ce n'est pas non plus proposer les mêmes modes de transport à tous sans se préoccuper de leur intégration ni de leur circulation sur les chaussées. Je pense aux engins électriques dépourvus de signalétique – trottinettes, gyropodes et autres overboards – dont les conducteurs naviguent dans un véritable flou en matière de responsabilité civile.

Le flou prévaut également lorsque tous ces engins sont logés à la même enseigne, alors qu'ils sont éminemment différents. Je pense ici aux trottinettes tout terrain, qui sont soumises aux mêmes règles que les trottinettes urbaines alors qu'elles obéissent à des problématiques bien distinctes. Un détail, me direz-vous ? Non, car pour les entreprises qui développent des offres de circuits touristiques à l'aide de ces trottinettes tout terrain, une législation non adaptée pourrait remettre en cause la viabilité même de leur activité.

Des propositions et des remarques comme celles-ci, j'en ai des dizaines. Malheureusement, le temps que vous nous avez accordé vous conduira à légiférer en solitaire. Croyez que je le regrette. C'est bien dommage !

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