Ce n'est malheureusement pas la seule des sources de déception et des entourloupes que dissimule le texte, et qui vont du recul des objectifs annoncés d'émissions de gaz à effet de serre à l'absence d'interdiction totale des centrales au charbon, contrairement à la promesse présidentielle, en passant par l'absence de politique d'envergure pour développer et systématiser les énergies renouvelables.
Enfin, la question centrale des logements que l'on qualifie de passoires énergétiques illustre parfaitement l'étroite intrication entre urgences écologique et sociale. Vous le savez, les personnes les plus démunies sont les premières victimes de la mauvaise isolation des logements, ne pouvant se payer le luxe de choisir leur logement selon ce critère, à supposer que sa performance énergétique soit indiquée. Vous choisissez malgré tout de fixer un plafond de performance énergétique près de deux fois supérieur à 330 kilowattheures par mètre carré et par an, c'est-à-dire au seuil au-delà duquel on considère qu'un logement est une passoire énergétique. Pire : aucune sanction réelle n'est encore prévue pour les propriétaires qui n'effectueraient pas les travaux nécessaires dans des logements déjà loués.
Ce projet de loi, illustration supplémentaire du cynisme de la politique du Gouvernement, restera dans l'histoire comme une pierre de plus à l'édifice de la catastrophe climatique. Nous n'avons plus le temps ni pour le « en même temps », ni pour l'entre-deux. C'est pourtant ce qui caractérise le présent texte comme le projet de loi d'orientation des mobilités : ils ne transforment en rien notre modèle énergétique ni notre modèle de transports, se contentant de les adapter à l'ouverture à la concurrence et aux privatisations. Or l'urgence climatique n'attend pas, elle a besoin d'une telle transformation. En pratiquant au mieux l'immobilisme, voire en aggravant la situation, vous commettez une mauvaise action vis-à-vis des Français et de notre avenir.
Pour ces raisons, le groupe de La France insoumise votera contre le texte.