– Merci beaucoup de m'avoir invitée aujourd'hui. Je vous rappellerai en introduction, assez brièvement, les objectifs de la programmation pluriannuelle de l'énergie. Avec cet exercice de programmation, nous avons souhaité donner de la visibilité aux acteurs de la filière, avec des objectifs clairs et précis pour la stratégie énergie-climat. La priorité est aux économies d'énergie. Bien que ne faisant pas partie du thème de la matinée, il était important de le rappeler parce qu'elles constituent l'un des piliers fondamentaux de notre politique énergétique.
Le deuxième pilier est le développement des énergies renouvelables. L'idée est de promouvoir en priorité les filières compétitives, en particulier la chaleur renouvelable, le solaire et l'éolien, et de permettre l'émergence de nouvelles filières : l'éolien en mer, le biogaz, le froid renouvelable.
Nous avons fixé des objectifs ambitieux : 38 % de chaleur renouvelable, dans le cadre du développement des réseaux de chaleur auquel nous sommes très attachés, 40 % d'électricité renouvelable, et 10 % de gaz renouvelable dans notre mix en 2030, sous condition d'avoir évidemment réussi à réduire les coûts.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, l'innovation est évidemment un élément indispensable. Elle nécessite l'implication de tous, que ce soit les chercheurs, les industriels, ou les pouvoirs publics. L'État essaie réellement de se positionner pour accélérer ces innovations et la recherche et développement dans ce domaine. Pour cela, nous voulons capitaliser sur tout ce qui a bien fonctionné jusqu'à présent. Aujourd'hui, environ 400 millions d'euros par an sont consacrés à la recherche, au développement et à l'innovation pour la transition écologique, les énergies renouvelables et les économies d'énergie. Nos organismes publics de recherche sont à la pointe : certains sont d'ailleurs présents aujourd'hui parmi nous. Évidemment, il faut capitaliser sur leur savoir et leurs compétences.
Le programme d'investissements d'avenir (PIA) est le bras armé de l'innovation en faveur de la transition écologique, avec différents outils qui ont démontré leur efficacité.
Le premier outil est constitué de l'ensemble des Instituts pour la transition énergétique, notamment l'IPVF (Institut photovoltaïque d'Île-de-France) et l'INES (Institut national de l'énergie solaire) sur le solaire, France Énergies Marines pour les énergies marines, SuperGrid pour le réseau électrique. Ces instituts visent à promouvoir la recherche associant public et privé et à développer l'innovation, afin d'accélérer la mise sur le marché. Ce sont des instituts clés pour l'atteinte de nos objectifs et pour l'innovation, nous en attendons beaucoup dans les prochaines années.
Le deuxième outil, particulièrement efficace, est celui des guichets démonstrateurs de l'ADEME, soutenus également par le PIA. Entre 2010 et 2018, 758 projets ont été soutenus dans les nouvelles technologies, pour un montant d'aides publiques de 2,5 milliards d'euros, montant significatif investi par l'État. Le budget global de ces projets étant de 7,2 milliards d'euros, l'effet levier de l'aide public est très significatif.
Cela a permis de financer des projets exemplaires : par exemple, les quatre fermes pilotes d'éoliennes flottantes, dont la construction va bientôt commencer, et des projets de biogaz, avec Wagabox, une start-up très intéressante, très prometteuse. Ces démonstrateurs permettent de mettre en oeuvre des technologies nouvelles à l'échelle 1. Pour nous, c'est très important d'arriver à travailler sur toute la chaîne de valeurs dans la recherche et l'innovation, et d'avoir des démonstrateurs pour préparer les déploiements nécessaires.
De notre côté, à la DGEC, nous essayons également d'avoir des outils pour prévoir le déploiement car, parfois, certaines technologies, même si elles ont des démonstrateurs, ne sont pas encore suffisamment mûres pour être déployées massivement. Nous pouvons citer par exemple l'appel d'offres sur le photovoltaïque innovant, qui permet de soutenir des installations au sol ou sur les bâtiments. Nous essayons également de nous tenir informés des innovations, qui, au-delà des innovations technologiques, peuvent être des innovations de financement : ainsi, dans le cadre des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables électriques, le bonus pour le financement participatif, pour ce qui concerne les tarifs d'achat.
Il existe également, dans le cadre du dispositif des certificats d'économie d'énergie, des programmes innovants dont certains visent à promouvoir des solutions de chaleur renouvelable, de substitution d'énergies fossiles, comme le programme ACT®. Nous essayons d'améliorer continuellement les outils existants. Nous devons continuer les efforts pour déployer les innovations, et pour arriver à relever les défis devant nous.
J'en citerai principalement trois. Le premier est évidemment d'offrir des solutions d'énergies renouvelables à un coût acceptable pour tous les Français. Même si des solutions technologiques sont disponibles, nous devons encore faire des efforts sur les coûts en recherche, développement et innovation, pour la massification.
Le deuxième défi est d'arriver à proposer des solutions énergétiques intégrées. Certaines énergies renouvelables sont très intermittentes. Il faut donc arriver à stocker cette énergie, mais également à faire le lien entre les différents vecteurs énergétiques. Il sera nécessaire d'avoir une vision plus intégrée des systèmes énergétiques et une vision multi-vecteur.
Le dernier enjeu est l'acceptabilité. Pour massifier les énergies renouvelables, nous avons besoin d'avoir des énergies renouvelables acceptables et acceptées par tous. Je pense qu'il y a également beaucoup de choses à faire dans le domaine de la recherche en sciences humaines et sociales, pour promouvoir efficacement les énergies renouvelables. Cela nous semble essentiel.