Intervention de Didier Roux

Réunion du jeudi 4 juillet 2019 à 9h15
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Didier Roux, ancien directeur de la R&D de Saint-Gobain, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies :

– Je prends deux questions très rapidement, la première sur les sciences humaines et sociales (SHS) et la seconde sur les batteries. Concernant les SHS, il y a toujours un débat sur leur rôle et elles-mêmes se posent beaucoup de questions. Je vais prendre un exemple concret, celui du projet TIGA dont je vous ai parlé tout à l'heure. La partie concernant l'acceptabilité sociale s'appuie sur l'université de La Rochelle et son département de sociologie, qui réfléchit sur la manière de mettre en place de nouvelles méthodes pour accompagner la réflexion sur ce projet, son acceptabilité sociale et l'engagement des citoyens. Bien évidemment, il faut travailler sur cet aspect.

Toutefois, plus important encore que les SHS, il y a l'éducation. Il s'avère que je fais partie de La Main à la Pâte, cette fondation créée par l'Académie des sciences pour l'éducation des sciences en primaire, dès la maternelle, et au collège. Je passe beaucoup de temps dans les écoles et les collèges, et je vois le travail fantastique que nous pouvons faire à la fois avec les enseignants, mais aussi avec les enfants, directement sur leur intérêt pour les sciences et le développement de leur esprit critique, notamment à l'égard des fake news.

Deuxièmement, sur les batteries, les progrès que nous pouvons espérer sont chimiques et non électroniques, même si l'électronique a un rôle important dans la gestion des batteries. Les progrès dans le domaine des batteries sont des progrès sur les matériaux. Nous pouvons avoir des espoirs, certes, d'améliorations et de gains, mais pas du tout équivalents à la loi de Moore pour les processeurs, c'est-à-dire à un rythme exponentiel. Les progrès ne seront que linéaires, ou quadratiques, ce qui augure d'un long travail. Il ne faut pas espérer que les batteries deviendront d'un seul coup très accessibles, même s'il y a eu des gains avec la production industrielle, ni qu'elles seront la réponse à tout.

Une fois de plus, je suis persuadé que les batteries représentent une réponse pour la mobilité, avec des limites d'analyse de cycle de vie dont vous avez parlé et qui sont très importantes : j'incite le législateur – je parle en tant qu'ancien industriel – à s'intéresser de près à la réglementation régissant les analyses de cycle de vie. Il ne faut pas laisser chacun monter sa petite méthode dans son coin, parce que cela l'arrange, et laisser se développer ensuite de façon déraisonnable des compétitions entre les différentes méthodes d'analyse de cycle de vie. Il ne faut pas non plus accepter que certaines industries refusent de faire des diagnostics de cycle de vie, au seul motif que cela coûterait cher.

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