Intervention de Alexandre Roesch

Réunion du jeudi 4 juillet 2019 à 9h15
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Alexandre Roesch, directeur général du Syndicat des Énergies Renouvelables :

– Je ne vais peut-être pas réussir à répondre à toutes les questions, mais je vais commencer par celle du député Philippe Bolo. Tout d'abord, dans la situation actuelle, les Français soutiennent clairement les énergies renouvelables dans les sondages d'opinion, et les grandes consultations que l'ADEME mène chaque année le montrent aussi.

Nous avons réalisé des sondages à proximité des parcs éoliens avec la société BVA et nous voyons qu'en général, l'acceptation de ces parcs est plutôt bonne, souvent parce que les gens très proches du projet ont été bien informés en amont. Finalement, nous nous sommes rendu compte que, de manière un peu contre-intuitive, l'acceptation décroît au fur et à mesure que l'on s'éloigne du parc. Ce sont des enseignements assez intéressants.

Nous sommes aujourd'hui dans une phase avec beaucoup de débats publics et beaucoup de fake news, avec un enjeu d'information. Pour faire le lien avec les « gilets jaunes », à propos de la facture de chauffage par exemple, aujourd'hui les énergies renouvelables, notamment le bois, peuvent apporter des réponses concrètes à propos de la maîtrise de la facture de chauffage. Par ailleurs, des dispositifs d'aides existent, mais nous nous rendons compte qu'ils sont encore assez mal connus et que leur combinaison peut apparaître encore trop complexe. Dans le cadre de la réforme en cours du CITE4, des réflexions sur une simplification apportent déjà un début de solution.

Cela me permet peut-être, Madame la sénatrice, de répondre à votre question sur le bois. Comme je le disais, l'enjeu est le développement d'une filière de bois de qualité. Nous pouvons la soutenir grâce, par exemple, à des taux de TVA réduits à 5,5 % – un autre sujet qui revient. Le bois-énergie est une pièce du puzzle de la filière bois en France et – on ne le sait pas assez – la filière bois représente 400 000 emplois. Tout se tient : il n'y aura pas de débouchés économiques et de modèle économique si nous ne pouvons pas valoriser à la fois le bois d'oeuvre, le bois d'industrie, et le bois-énergie. Ce sont des sujets importants avec, encore une fois, des potentiels importants de création d'emplois.

Sur les questions liées au solde exportateur dans les scénarios et les modélisations de RTE, nous voyons que les mix énergétique et électrique français sont compétitifs par rapport à ceux de nos voisins européens, et c'est pour cette raison que nous aboutissons à un solde exportateur. Ce n'est pas une hypothèse d'entrée. C'est au contraire une donnée de sortie. C'est le résultat de la compétitivité plus importante du mix électrique français. Cela pourra évoluer en fonction des décisions prises par les pays voisins, notamment l'instauration ou pas d'une taxe carbone qui pourrait avoir des impacts assez importants, mais globalement, nous sommes plutôt dans une situation où nous serons amenés à être exportateurs, pour des raisons de compétitivité.

À propos de l'air, Monsieur le député, nous voyons, en tout cas sur la partie chauffage au bois domestique, que 80 % des émissions sont aujourd'hui liées au parc ancien, qui date du début des années 2000, et aux foyers ouverts. Il y a un premier enjeu de renouvellement de ce parc. Ensuite, nous pourrons échanger plus en détail sur les évolutions technologiques qui sont en cours et sur les produits actuellement mis sur le marché.

Sur la question de l'agriculture et de la production d'énergie, nous serons évidemment à votre disposition pour échanger. Les biocarburants, qui faisaient l'objet d'une autre question, représentent 20 000 équivalents temps plein aujourd'hui dans la filière agricole, sur des productions majoritairement françaises de colza et sucrières. À propos de la méthanisation – peut-être que David Marchal le mentionnera – l'ADEME a publié une étude sur « Agriculture et énergies renouvelables » où nous voyons que le revenu moyen additionnel pour un agriculteur qui se lance dans la méthanisation est de 15 000 euros. Cela peut vraiment faire la différence sur l'équilibre économique d'une exploitation. Ce sont des sources de revenus potentielles importantes. Pour les autres filières, notamment l'éolien, une éolienne n'empêche pas la coexistence avec des activités agricoles. Par ailleurs, cela rapporte un revenu à l'agriculteur. Concernant le sujet plus spécifique des éoliennes de petite taille, Madame la sénatrice, je pense que cela dépend un peu du cas d'espèce. Ce sont en général des machines qui sont peu puissantes et donc qui ne produisent pas beaucoup d'énergie.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.