Intervention de Christophe Clergeau

Réunion du jeudi 4 juillet 2019 à 9h15
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Christophe Clergeau, directeur de l'Observatoire des énergies de la mer :

– Pour répondre sur la question de la concurrence internationale, le premier levier d'accélération est le marché européen et il est très loin d'être saturé. Il n'est toujours pas saturé sur l'éolien posé en mer du Nord – sachant que nous démarrons tout juste sur la façade Atlantique – et pour ce qui concerne l'éolien flottant, nous n'avons pas commencé, alors que le potentiel, en Méditerranée par exemple, est important. Nous disposons de la totalité de la chaîne de valeur en Europe avec un écosystème complet de R&D. Si les Européens sont capables d'accélérer collectivement, nous n'atteindrons peut-être pas l'autosuffisance, mais en tout cas un cercle vertueux à l'échelle européenne. Nous gagnerions sûrement à mieux intégrer les R&D européennes, qui restent aujourd'hui fragmentées, dans un vrai dispositif commun. Les R&D européennes représentent effectivement aujourd'hui 80 à 90 % de la R&D spécifique aux énergies marines renouvelables à l'échelle mondiale.

Deuxième point : nous pouvons vendre de l'ingénierie et des services de bureau d'études à l'échelle mondiale. C'est déjà ce qui se passe. Des bureaux d'études français et européens vont à Taïwan, aux Philippines ou en Indonésie, monter des projets, et ces emplois non délocalisables restent en Europe. Sur la base industrielle des grands ensembles mécano- soudés, aujourd'hui on fabrique à Saint-Nazaire des éoliennes qui sont installées aux États-Unis. General Electric (GE) a aujourd'hui une base industrielle à Saint-Nazaire pour l'Atlantique. Si le marché américain se développe, il y aura peut-être une usine aux États-Unis. GE envisage aussi une usine en Chine parce que les Chinois exigent des joint-ventures pour répondre à leurs appels d'offres. Cependant, nous pouvons avoir une base large en Europe.

Dernier point, sur les prix, selon un débat récurrent : le prix du mégawattheure étant actuellement de 43 euros à Dunkerque, avec des courbes de prix des EMR en baisse très rapide et avec une prévisibilité beaucoup plus forte que d'autres EnR, le débat entre nucléaire et EMR devient donc intéressant. Je ne vais pas dire que nous sommes dans la même prédictibilité, mais nous avons moins d'imprédictibilité que d'autres EnR et des prix de revient inférieurs à ceux du nucléaire neuf aujourd'hui à l'échelle internationale. Je ne suis pas du tout antinucléaire, et il faut combiner l'ensemble des solutions de décarbonation, mais aujourd'hui nous arrivons à des dynamiques de choix possibles très différentes des conditions du débat d'il y a encore seulement trois ans. C'est pourquoi j'insiste sur la radicalité, le caractère disruptif des évolutions devenues possibles.

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