Sans répéter ce que vient de dire M. Wulfranc, je voudrais appuyer son propos. Nous faisons en effet la même analyse de ces zones à forte exclusion.
Cette mesure de création de ZFE est injuste et peu efficace, car elle ne s'attaque ni au problème de fond ni aux véhicules les plus neufs, mais aux plus polluants, qui sont notamment peu adaptés au milieu urbain.
C'est donc avant tout, comme cela a déjà été exposé, une mesure contraignante pour les plus fragiles de nos concitoyens, ceux qui n'ont pas les moyens de se payer la voiture dernier cri – ou dernier Crit'Air – qui leur permettrait de rouler tous les jours, en tous lieux et en toutes circonstances, mais qui ne serait qu'un véhicule fallacieusement repeint en vert car, avec ou sans vignette Crit'Air, un véhicule continue à polluer.
Cette mesure vise à interdire la circulation des voitures les plus anciennes, que possèdent les gens qui ont le moins de moyens et qui, de fait, sont aussi les premiers à subir la pollution. Ce n'est plus une double peine que vous leur infligez, mais une triple peine, en les obligeant à trouver d'autres solutions pour se rendre sur leur lieu de travail, car ils ne pourront plus accéder aux centres-villes.
Comme l'a rappelé Hubert Wulfranc, c'est une question d'aménagement du territoire, car c'est bien de cela qu'il s'agit quand on parle de circulation.
Ce que nous voyons aujourd'hui est complètement délirant : les centres-villes, comme je le constate dans la métropole bordelaise, sont des espèces de trous noirs qui absorbent les emplois et les services. Les gens qui n'ont plus les moyens d'habiter à proximité des emplois et des services se retrouvent centrifugés dans des zones périurbaines ou rurales, sans avoir les moyens d'acheter des véhicules récents respectant les critères d'admission dans les ZFE ni disposer d'une offre de transports en commun qui leur permettrait de se passer de leur voiture. Ces ZFE sont une sorte d'apartheid social déguisé en mesure écologique.