La révision des lois de bioéthique constitue un moment singulier, un moment fort pour la représentation nationale, car il est l'aboutissement de plusieurs années de débat et de travaux parlementaires. Le projet de loi dont nous débattons marque aussi un retour à la normale en donnant les mêmes droits à toutes les femmes – car, oui, plusieurs milliers d'entre elles souffrent chaque année de ne pouvoir recourir à la PMA, alors même que celle-ci est autorisée dans des pays voisins, et même sur notre sol pour les femmes vivant en couple hétérosexuel. Chaque année, près de 2 000 femmes se surendettent, mettent en jeu leur santé, courent des risques juridiques pour accéder à une aide médicale à la procréation. Ce n'est pas normal. En autorisant l'accès à la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes, vous nous proposez de mettre fin à une inégalité fondée sur l'orientation sexuelle et le statut matrimonial. Vous nous proposez de consacrer l'absence de hiérarchie entre les familles et, surtout, vous affirmez que les enfants ont besoin d'amour pour s'épanouir. Je crois pouvoir dire que les femmes qui recourent à une aide médicale à la procréation, avec toutes les contraintes qui y sont liées, sont motivées par un sentiment : l'amour qu'elles souhaitent donner à leurs enfants.
Outre la procréation, le présent projet de loi embrasse de nombreux sujets, tels que l'accès aux origines, la recherche sur l'embryon, l'usage de l'intelligence artificielle ou encore les dons d'organe. Sur ces enjeux, il sera difficile, voire impossible, de trouver des consensus. C'est la raison pour laquelle les moyens de co-construire cette réforme, le climat dans lequel nous allons légiférer, seront aussi importants que le texte final. Nous devons préserver la population de tout propos offensant ou stigmatisant, car ce texte, avant d'être une loi de bioéthique, est un projet relatif aux droits humains.