Ne faisons pas l'autruche : nous savons que des femmes franchissent la frontière pour recourir à l'AMP à l'étranger. Il y a quelques années, Mme Simone Veil, constatant que 300 000 avortements étaient pratiqués chaque année, avait estimé qu'il fallait arrêter de nier ce fait et définir un cadre.
Certes, un père est nécessaire à la construction d'un enfant, mais c'est un idéal. Lorsque mes parents ont divorcé, dans les années 1960, seulement un pour mille des enfants se trouvait dans ma situation. Aujourd'hui, ils représentent la moitié de la classe de mes propres enfants, au lycée. Dans les années 1960, je ne me sentais pas normal ; ce n'est plus le cas aujourd'hui d'un enfant de divorcés. Pourquoi ? Parce qu'un enfant passe plus de temps à l'école que dans sa famille : c'est donc là qu'il construit son modèle de société. Demain, lorsque des enfants ayant deux mamans ne seront plus les seuls à se trouver dans cette situation, ils ne se sentiront pas anormaux. C'est cela qui importe ! La construction de l'enfant se fait bien entendu dans sa famille – et s'il y a de l'amour, c'est largement suffisant –, mais aussi, du point de vue de son identité et de son rôle social, dans la société, à commencer par l'école. Le plus important, c'est qu'il ne se sente pas différent des autres, exclu, anormal, parce qu'il serait le seul de sa classe à avoir deux mamans.
Arrêtons de nous voiler la face : des couples de femmes ont recours à l'AMP à l'étranger, il faudra bien leur donner une place en France !