Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du mercredi 11 septembre 2019 à 14h35
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

C'est pour cette raison que nous avons introduit dans ce projet de loi un article qui permettra de ne pas les conserver au-delà d'une certaine durée. Il faut avoir à l'esprit que depuis la loi de 2004 qui a rendu possible la recherche sur l'embryon, seuls 3 000 embryons ont été utilisés, ce qui prouve bien que nous n'avons pas besoin de produire des embryons pour la recherche. Tout cela relève du fantasme et ce n'est bon ni pour les équipes médicales, ni pour les parents, ni pour les chercheurs. La loi a réglé ce problème depuis très longtemps et les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Madame Ménard, vous dites qu'il suffirait de faire de la recherche sur les gamètes, mais elle ne donne absolument pas les mêmes informations que la recherche sur l'embryon. La recherche sur les gamètes nous renseigne sur la fécondation et la capacité d'un spermatozoïde à rencontrer un ovocyte. La recherche sur l'embryon, quant à elle, donne des informations sur le développement des tissus. Or c'est la recherche sur l'embryon qui nous donnera des pistes pour traiter le cancer des enfants. On sait en effet que, dans le cancer des enfants, les premières anomalies apparaissent dès l'embryogénèse et au moment du développement tissulaire intra-utérin. Freiner la recherche sur l'embryon, c'est donc se priver de l'espoir de progresser dans la recherche sur les cancers des enfants les plus incurables. Les cellules IPS ne donnent pas non plus les mêmes informations : il ne faut pas tout mélanger et tout n'est pas possible avec tout.

Vous avez dit, monsieur Bazin, qu'on n'avait pas vu beaucoup de résultats, que les avancées médicales étaient assez modestes. Cela me fait penser à la formule selon laquelle on n'a pas besoin de chercheurs, mais de trouveurs. Mais la recherche n'avance pas en rendant compte de ses découvertes, année après année : elle est parfois incrémentale, parfois fractale, et c'est ainsi qu'elle progresse. On ne peut pas dire que, parce qu'il n'y a pas eu assez de publications dans des revues de rang A, on doit arrêter la recherche dans ce domaine. Ce n'est pas ainsi que ça fonctionne ! Des progrès ont été faits. Ils sont peut-être insuffisamment visibles pour vous, mais ils sont utiles à toute la communauté scientifique, comme tous les progrès incrémentaux. Je répète que cette recherche est aujourd'hui indispensable.

Enfin, monsieur Gosselin, vous avez fait une confusion, puisque le régime déclaratif ne concerne pas l'embryon, mais les cellules souches embryonnaires, ce qui n'a rien à voir. Mme Frédérique Vidal expliquera la différence entre les deux et nous aurons l'occasion d'en reparler.

Je tenais à faire cette mise au point, parce que certains des propos que j'ai entendus pourraient choquer nos concitoyens et qu'ils ne décrivent absolument pas la réalité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.