Monsieur le ministre d'État chargé de la transition écologique et solidaire, nous connaissons la difficulté de votre tâche.
Je n'ai même pas besoin de fermer les yeux pour imaginer les coulisses de certains arbitrages quand nous qui, dans cet hémicycle, avons voté la loi interdisant les néonicotinoïdes, apprenons l'autorisation en France d'un nouveau pesticide tueur d'abeilles.
Quant au glyphosate, on sait que la France n'a pas voté le renouvellement de son autorisation pour dix ans, mais il nous semble que la question n'est pas la durée du renouvellement mais l'interdiction de cette substance, comme le Parlement européen l'a voté hier.
Il semble aujourd'hui comme hier que ce soit souvent au ministre de l'écologie que l'on demande de céder du temps, alors que – vous le savez peut-être mieux que quiconque – du temps, la planète n'en a plus et, pour l'instant, ce sont les destructions qui sont irréversibles. D'ici à cinq ans, combien d'espèces auront disparu ? Combien de substances dangereuses continueront d'empoisonner nos enfants et de tuer les abeilles ?
Chers collègues, je veux alerter l'Assemblée nationale. Lundi, monsieur le ministre, vous avez déclaré à propos des fabricants de pesticides : « Il y a un moment où il faut qu'on arrête d'être naïfs. Je vais parler avec prudence parce que, croyez-moi, on se sent tous menacés par ces firmes-là et elles ont des moyens de pression que l'on subit, les uns et les autres. »
Ce n'est pas une déclaration anodine. Ici, dans la maison de la démocratie, chers collègues, quelles que soient nos positions sur ces sujets, nous ne pouvons pas accepter qu'un ministre de la République subisse des pressions de quelque firme que ce soit, surtout de Monsanto.