Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du mardi 24 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Enfin, je veux vous faire part d'un doute. À chaque loi bioéthique, l'émergence des possibles, qui n'est pas toujours mue par l'humanisme, nous bouscule. Certains considèrent la loi bioéthique comme la frontière de l'ouest. Il nous faut prendre le meilleur de ces possibles tout en sachant résister aux accélérations qui semblent inéluctables et dont nous mesurons les dangers. L'enjeu n'est pas mince. Nous devons nous hisser à bonne hauteur, rester maîtres de notre devenir autant que nous le pouvons, maîtres du devenir du genre humain.

J'ai dit ce que je crois aujourd'hui, je l'ai dit avec humilité et sincérité, comme j'ai toujours à coeur de le faire, peut-être avec plus de soin encore aujourd'hui.

De la naissance, de la vie, de la maladie, de la mort, qu'il soit rageusement proscrit de faire commerce. Et que l'humain soit toujours au plus haut point respecté. Pour ce faire, fort de l'expérience d'appropriation collective à laquelle appellent la bioéthique et l'expérience dans laquelle nous sommes, j'appelle à élargir son champ – cela ne vous surprendra pas.

L'humanisation de l'humanité est un grand dessein. Regardons-nous suffisamment en face la crise anthropologique qui nous tenaille, cette crise de sens, de l'imaginaire et du commun ? Cette crise a à voir non pas avec la liberté et l'amour, mais avec le peu de soin que nous prenons, en toute connaissance de cause, de chacune et de chacun et des liens qui nous unissent, dans l'épanouissement et la créativité humaine empêchés. « L'homme, c'est le monde de l'homme », écrivait Marx. Pour Lucien Sève, qui fut le premier philosophe, membre du Comité consultatif national d'éthique – CCNE – , « respecter l'homme, ce n'est pas se cramponner à quelque statu quo naturel ou social, c'est agir avec vigilance et hardiesse pour son plus grand devenir humain ».

Nous pouvons – cette conviction fait battre mes voiles – nous sortir des ornières où nous maintient le capitalisme, où nous bloque le patriarcat et où nous enferment les racismes, pour créer des conditions favorables au libre développement de chacune et de chacun.

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