On pourrait penser de prime abord que le sujet que je m'apprête à évoquer n'a pas de lien direct avec la santé. Or il en a bien un – et je me réjouis que nous en parlions de plus en plus dans l'hémicycle : c'est le sentiment cruel d'abandon, celui de ne plus faire partie du même pays et de ne plus faire société avec qui que ce soit, sentiment qui mine et qui gangrène nos territoires. Il en est ainsi sur une partie du territoire de mon immense circonscription.
J'ai connu ici une longue période durant laquelle il n'était pas de bon ton d'évoquer les problèmes de sa circonscription. Nous avons ainsi laissé fermer pratiquement sans rien dire 750 entreprises, petites ou grandes, en une quinzaine d'années. La Fondation des apprentis d'Auteuil, que j'ai beaucoup aimée et beaucoup défendue, et qui s'est occupée durant plus d'un siècle d'orphelins en très grande difficulté puis d'apprentissage des métiers de chez nous, du territoire, a un centre dans la commune d'Audaux, en pleine campagne béarnaise. Comme ce centre a été jugé trop éloigné, il a été décidé de le transférer dans la ville de Pau, qui est située à cinquante kilomètres. Les quatre-vingt-un emplois seront perdus. À la suite de cette décision, le climat est devenu délétère. On fait peser sur ceux qui sont favorables au maintien du centre à Audaux une rare violence.