Je soutiendrai à la fois l'amendement no 2461 de Julien Aubert et mon amendement no 1706 .
Il s'agit d'élargir la procréation socialement assistée – et non la procréation médicalement assistée – à toutes les femmes. Cela va profondément bousculer nos principes éthiques et instaurer irrévocablement un droit à l'enfant, au détriment de certains droits de l'enfant, comme celui d'avoir un père.
M. le rapporteur Jean-Louis Touraine a affirmé en commission qu'il n'y avait pas de droit de l'enfant à avoir un père, mais que l'on pouvait parler d'un véritable droit à l'enfant. Soyons clairs : la question n'est pas celle de l'existence d'enfants sans père connu, élevés par une femme seule ou un couple de femmes – cela relève des choix de vie de chacun et des aléas de l'existence. Cependant, aujourd'hui, vous ne nous demandez pas de prendre acte de situations existantes, mais d'en créer de nouvelles.
L'Académie nationale de médecine a pris position samedi dernier, en émettant de sérieux doutes sur cette mesure. Elle estime en effet que « la conception délibérée d'un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n'est pas sans risques ».
Je me permets de rappeler ce que disait M. Jean-François Mattei, qui siégeait encore récemment sur ces bancs, et ce que la très grande majorité des psychiatres, pédopsychiatres et psychologues répètent également avec lui : nous serions bien en peine de décrire dans le détail ce qu'apporte la présence d'un père, mais nous savons parler des conséquences de l'absence de père. Lorsqu'il n'y a pas de père biologique, il n'y a pas de père social, il n'y a pas de père parent. Nous sommes dans une situation nouvelle – c'est d'ailleurs pour cette raison que l'on parle d'une rupture anthropologique – , nous sommes dans l'inconnu.
Que l'on soit pour ou contre, il convient de dire clairement aux Français que, aujourd'hui, la majorité est prête à consacrer un véritable droit à l'enfant, qui, demain, fera jurisprudence. C'est pourquoi je vous invite, avec mon amendement, à clarifier votre position, à l'assumer et à faire preuve de plus de sobriété : le titre Ier s'intitule « Élargir l'accès aux technologies disponibles sans s'affranchir de nos principes éthiques » ; je propose d'en supprimer les termes « sans s'affranchir de nos principes éthiques », puisque cette réforme concrétise un véritable droit à l'enfant.