Je voudrais entrer dans ce débat sur la loi bioéthique, qui va nous occuper pendant près de trois semaines, en formulant un souhait : celui que le Gouvernement et sa majorité s'ouvrent au doute. Dans les décisions très lourdes de conséquences que nous aurons à prendre, rien ne me semblerait plus dangereux que les certitudes avec lesquelles vous vous apprêtez à évincer délibérément le père, à dénier à la femme qui accouche son statut spécifique de mère, à priver l'enfant d'une filiation vraisemblable en effaçant au profit de deux mères la branche masculine de sa filiation et en favorisant délibérément les familles monoparentales.
Vous l'avez dit, madame la garde des sceaux, monsieur Touraine, de même que Mme Théry que nous avons auditionnée : cette loi constitue un changement de civilisation. Vous avez moqué l'avis de l'Académie de médecine en le qualifiant de daté, pour le discréditer, mais il rejoint l'avis de l'une des ministres chargée du texte et de l'un des rapporteurs, et non le moindre. C'est un changement anthropologique majeur ! Nous ne disons pas qu'il s'agit de la fin de la civilisation, comme le disent ceux qui veulent moquer notre position, mais simplement que c'est un changement de civilisation.
Cet amendement vise à inscrire, avant l'article 1er, la question du principe de précaution appliqué à l'intérêt supérieur de l'enfant. Ce principe doit absolument nous guider dans toutes les décisions que nous prendrons.