L'identité est une construction. Je suis d'accord, monsieur Le Fur, pour dire que nous sommes en désaccord sur ce point : je ne vais pas vous attribuer une position qui ne serait pas la vôtre, que je ne connais pas exactement, mais je sais qu'il y a un lien profond – et j'invite ceux qui siègent de votre côté de l'hémicycle à y réfléchir – entre le droit aux origines, le droit du sang, l'ethnicisme et le communautarisme. Je ne vous le reproche pas, collègue, et je ne suis pas en train de vous faire un procès, mais ceux qui sont les plus cohérents sont ceux qui vont d'un bout à l'autre du spectre : du droit aux origines au droit du sang, pour terminer par l'ethnie, qui fonderait l'identité. L'histoire est longue et moi, je suis l'héritier d'une histoire – qui n'est pas celle-là dont je ne veux pas.
La vraie frontière qui traverse l'Europe est celle des lignes de l'Empire romain : d'un côté, c'est la cité, la citoyenneté et le droit du sol – celui qui arrive et qui est là a droit à la parole comme tout le monde – ; de l'autre, c'est le droit du sang, et tout ce qui va avec.
Je ne suis pas étonné par la position de mes collègues conservateurs. Il n'y a d'ailleurs aucune honte à être conservateur et je me demande pourquoi cela semble en déranger certains. C'est un point de vue politique respectable et honorable, et il n'y a pas de démocratie si nous sommes tous d'accord ! Il n'y a de démocratie que parce que nous sommes dans un rapport de conflictualité, qui nous fait réfléchir et nous oblige à affiner nos arguments.
On peut donc être conservateur et vous l'êtes, chers collègues, quand vous proclamez la prééminence du passé.