Le sujet de la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes doit être abordé dans toute sa complexité et nous devons dépasser les points de vue idéologiques : c'est du devenir des enfants à naître qu'il est ici question, et l'intérêt supérieur des enfants doit toujours être préservé. Aussi apporterai-je brièvement dans le débat plusieurs éléments de réflexion, émanant de personnalités très diverses.
La philosophe féministe Sylviane Agacinski, tout d'abord, a déploré que les intérêts individuels et les demandes sociétales prennent le pas sur l'intérêt de l'enfant. Elle dénonce cette approche de la fabrication de l'enfant qui vise à permettre une autonomie procréatrice illusoire.
Elle est rejointe dans son propos par Jean-François Debat, maire socialiste de Bourg-en-Bresse, qui évoque, dans le journal Le Monde, le développement d'un « droit de créance » des couples sur la société dans l'optique de la réalisation de leur projet parental. Il a cette phrase lourde de sens : « À l'avenir, on ne dira plus à l'enfant que les circonstances en ont décidé ainsi, mais que c'est ainsi que la société l'a décidé pour lui. »
J'aimerais surtout partager avec vous les doutes exprimés par les pédopsychiatres, parmi lesquels Myriam Szejer, auditionnée par la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi. Elle affirme que l'extension de la PMA à toutes les femmes ne sera pas sans conséquences sur les enfants qui naîtront dans ce cadre et qu'ils n'en sortiront pas indemnes sur le plan psychique.
Nous manquons en effet de recul pour connaître les conséquences du vide de la branche paternelle dans la filiation.
Alors oui, monsieur le rapporteur, permettez-nous de ne pas partager vos certitudes.