Mon rôle, en tant que législateur, n'est-il pas de créer un ordre dont je suis sûre qu'il créera un ordre meilleur, plus épanouissant, pour ce qui compte par-dessus tout, un enfant ? Et mon rôle n'est-il pas de m'abstenir si je n'en ai pas la certitude ?
Madame la ministre des solidarités et de la santé, vous avez avancé l'argument que, dans la réalité, souvent cruelle depuis la nuit des temps, des enfants se sont construits grâce à l'amour de leur mère, bien que privés de père par les aléas de la vie – ce qui légitimerait l'absence du père, consacrée dans ce texte. Je ne pense que cet argument soit solide et valable. Ces enfants, nombreux en effet, s'ils se sont construits dans la résilience malgré une situation malheureuse, sans père, sont-ils pour autant plus heureux de ne pas en avoir eu ? L'absence de père n'a-t-elle pas créé en eux des blessures, des souffrances, des manques ? Personne ne peut nous le dire.