Vous décrivez, monsieur Le Fur, un modèle de famille français, c'est-à-dire un modèle culturel, construit par la société et le droit. Le droit reconnaît le père comme tel par présomption, par le biais d'une simple loi. Il existe toutefois d'autres modèles de famille dans le monde.
Il est par exemple des modèles matriarcaux, comme celui auquel obéit l'ethnie Na en Chine. Cette société repose sur trois principes. Le premier est la matrilinéarité : toute la transmission, quelle qu'elle soit, passe par la mère – l'homme n'est rien. Le deuxième principe repose sur la matrilocalité : toute la cellule familiale est localisée chez la femme et la famille de cette dernière. Enfin, le troisième principe est celui de l'avunculat, selon lequel c'est l'oncle qui élève l'enfant. Le père n'existe pas, parce que l'enfant est né de ce que l'on appelle « une visite furtive ». Il n'y a pas de père – et, pourtant, les enfants se développent.
On a bien là la démonstration que ce que vous présentez comme une évidence biologique n'est que le résultat d'une construction législative et culturelle.