Il s'agit des nombreuses et belles études menées par l'école de Cambridge – Susan Golombok est venue nous les exposer et nous a laissé ses livres – ou encore de celle qui est parue voilà quelques mois dans le New England Journal of Medicine et qui portait sur soixante-seize enfants. On dit que c'est très peu, mais soixante-seize enfants étudiés de la naissance jusqu'à leurs 25 ans, c'est tout de même significatif ! Aucune de ces études n'a montré d'inconvénients pour les enfants. Il n'existe aucun élément scientifique corroborant les craintes ; c'est d'ailleurs la réponse qui a été fournie à l'Académie de médecine par la totalité des organismes qui s'étaient prononcés en faveur de la mesure.
Puisqu'on a évoqué les psychiatres, et même si ceux-ci ne sont évidemment pas tous du même avis, je voudrais citer l'Américaine Nanette Gartrell, qui répondait récemment au journal Le Monde en disant que ces adolescents et jeunes adultes de 25 ans « se portaient aussi bien, voire mieux, que l'échantillon représentatif de la population générale auquel [elle] les [avait] comparés ». Les craintes peuvent donc être légitimes, mais la réassurance ne l'est pas moins.
Mme Ménard, vous vous inquiétiez tout à l'heure de la disparition du père – « exit le père » – dans le projet de famille. En même temps, madame, vous évoquiez les familles où deux pères élevaient des enfants, qu'il s'agisse d'enfants adoptés, des enfants de l'un ou l'autre des deux, ou d'enfants venus de l'étranger. Vous voyez donc bien que les pères n'ont pas disparu. Pour rectifier votre propos, plutôt qu'« exit le père » – nous sommes nombreux ici à être pères, et nous aimerions survivre un petit peu – , mieux vaudrait dire : « exit le modèle unique de famille, place à la diversité des familles épanouissantes ». Je peux comprendre que certains aient la nostalgie du modèle traditionnel de famille, qui, il est vrai, est devenu minoritaire dans la société française.