Nous avons un vrai problème de sémantique. Est-il voulu ? La notion de couple est d'ailleurs un peu floue : je peux être considéré comme étant en couple dans cinq minutes et ne plus l'être dans une heure. Il en va de même pour la notion de femme seule.
Alors que l'on a tendance à penser la PMA comme une technique unique, il existe en fait des PMA avec ou sans tiers donneur. La PMA sans tiers donneur représente actuellement 96 % du total et elle ne pose pas de problème, ce qui pourrait rassurer ceux qui nous écoutent. Le vrai sujet est la PMA avec tiers donneur, qui pose un certain nombre de questions, comme celle de la levée de l'anonymat.
Le critère pathologique n'est pas anodin, y compris dans la relation entre l'équipe médicale et les demandeurs. Vous dites que cela ne changera rien pour les couples hétérosexuels, mais il faut être franc avec eux : en cas de pénurie, il y a un risque que les délais s'allongent, au moins dans un premier temps. Ils pourront le comprendre le jour où la loi sera adoptée.
La finalité thérapeutique de l'AMP n'est pas anodine, y compris pour les couples hétérosexuels. Il faudrait s'assurer que la suppression du critère pathologique n'entraîne pas des dérives contraires à nos principes éthiques.
Quel est le lien ? En l'état, rien n'est prévu pour empêcher des couples hétérosexuels, qui n'ont pas de problème de fertilité, de passer par l'AMP pour profiter, par exemple, d'un diagnostic préimplantatoire que certains souhaiteraient étendre. Il y a des amendements de certains membres de la majorité en ce sens et nous avons évité de peu leur adoption en commission.
Vu la difficulté d'un parcours d'AMP, les couples qui pourraient se laisser tenter pour cette raison seront extrêmement minoritaires, me direz-vous. La tentation est néanmoins réelle. Cette ouverture suscite des tentations d'usage de la technique à des fins non thérapeutiques et elle peut faire émerger une question : cet enfant in vitro correspond-il à notre projet parental ? Le risque d'eugénisme n'est pas négligeable.
Tout est lié. Nous devons être très rigoureux car la suppression du critère pathologique peut ouvrir des fenêtres sur l'eugénisme.