Je n'ai pas la prétention d'interdire l'accès à la PMA aux femmes seules, comme cela a été dit tout à l'heure. Mais je voudrais exprimer mes doutes en m'appuyant sur mon expérience professionnelle. Professeur des écoles et directeur d'école maternelle pendant vingt ans, j'essaie de me projeter – ce qui n'est pas un exercice facile et serein – dans la tête d'un de ces enfants nés grâce à la PMA ouverte aux femmes seules. À trois ou quatre ans, peut-être plus tard, cet enfant prendra conscience de sa singularité. Car si mes informations sont bonnes, cette mesure rendra possible 2 000 à 3 000 naissances supplémentaires dans notre pays, ce qui est très peu.
Une partie de ces enfants naîtront au sein d'une famille homoparentale, avec donc deux référents – un modèle auquel je crois – , tandis que d'autres n'auront pas cette chance. Je n'ai pas aujourd'hui la garantie qu'on pourra apporter à ces enfants les réponses pleines et entières qui leur permettront d'accepter naturellement le fait d'avoir été conçus à partir du choix d'un seul référent. Enfin, lorsqu'on regarde les procédures d'adoption, je me demande pourquoi il n'y a pas davantage de femmes seules qui voient leur projet aboutir. Sauf erreur de ma part, les conseils de famille ne leur accordent pas l'adoption de manière spontanée et aisée.