Je voudrais dire combien je comprends et partage le désir d'enfant, y compris lorsqu'on est seul. J'ai milité – et milite toujours – pour la procréation médicalement assistée, dans le cadre de ce mandat et des précédents, et aussi comme professionnelle avant de devenir députée. Je sais que vous êtes très attentifs à ce que vous appelez les inégalités de destin, puisqu'une mission sur cette question vient même d'être créée sous l'égide de Boris Cyrulnik. Aussi je m'interroge, non pas à propos des familles monoparentales, dont on a évoqué les difficultés comme les succès, les souffrances comme les joies.
Ma question est la suivante : est-ce à l'État de se substituer à un parent ? Est-ce à la collectivité de prendre sa responsabilité, comme si l'État créait des pupilles ? Est-ce dans l'intérêt supérieur de l'enfant de faire en sorte qu'il n'ait pas de référence parentale ? Est-ce bien pour lui de naître sans ce père qu'il recherchera ? Mon collègue faisait référence à Albert Camus, qui était un enfant d'une femme seule et en a souffert toute sa vie – on trouve des références à cette souffrance dans toute son oeuvre.