Je me réjouis que nous ayons pris le temps de débattre de ce sujet. Quel que soit le résultat du vote – même si j'espère que des amendements favorables à la PMA post mortem seront adoptés – , ce débat aura compté parce qu'il éclaire des opinions variées tout en les enrichissant. Et il sera utile à celles et ceux qui devront à nouveau discuter de ces questions éthiques, sachant qu'elles vont continuer à travailler la société.
J'ajouterai plusieurs éléments à la réflexion.
Tout d'abord, s'agissant de la question de la mort et du deuil, je rappelle que sans être des psychologues, nous devons être des législateurs ou des législatrices et prendre des décisions en fonction de notre conception du monde, de la société et des rapports des uns avec les autres. Le deuil n'a pas de limite temporelle établie : il peut être très court lorsqu'on arrive à tourner la page assez rapidement, ou durer toute une vie, même si je crois que l'on porte toujours en soi la présence des personnes que l'on a aimées et qui sont parties.
La question de la transcendance a, elle aussi, été évoquée. En vérité, quand on transmet la vie, on transmet aussi la mort de par notre nature génétique, car nous sommes des êtres vivants programmés pour mourir, quel que soit par ailleurs le mode de conception. On transmet aussi aux enfants ses attentes à leur sujet, projetant sur eux ses envies, ses ambitions, ses phantasmes. Le tout représente un poids très lourd pesant sur les épaules des générations à venir, et est souvent à l'origine d'un héritage traumatique.
En vérité, il s'agit de savoir comment concilier la liberté individuelle – en l'occurrence, la capacité à faire des choix qui, même effectués dans la douleur du deuil, n'en demeurent pas moins libres et éclairés – avec ce que, en tant que législateur, nous considérons comme possible ou souhaitable. Cela ne remet en rien en cause l'intérêt des futurs enfants que d'autoriser une femme à poursuivre le parcours engagé, même s'il est désormais accompli seul ; s'il est désormais différent de celui qui avait été décidé à deux, il n'en demeure pas moins légitime. À partir du moment où la technique qui le rend possible existe, il est à la fois juste et normal de l'autoriser.
Je crois, pour finir, que ces votes resteront empreints d'incertitudes, car nul ne sait si l'usage de telle ou telle technique ne devra pas, plus tard, être interdit pour une raison ou pour une autre. Malgré ces doutes, je suis favorable aux amendements et j'appelle tous et toutes à voter en ce sens.