Intervention de George Pau-Langevin

Séance en hémicycle du jeudi 26 septembre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

Il est clair que le sujet dont nous débattons nous interpelle en profondeur. Un enfant naissant plus d'un an après la mort de son père : voilà quelque chose que nous ne pouvions pas imaginer précédemment – quoique les sociétés du Maghreb fassent appel à la notion « d'enfant endormi » pour désigner les enfants naissant trop tard.

Plus sérieusement, il y a une contradiction majeure à accorder des droits nouveaux aux femmes – notamment celui de porter un enfant sans père avéré – , et à refuser cette possibilité à une femme souhaitant mener à bien un projet qu'elle a formé avec son époux. Ce n'est pas concevable. Nous avons en effet pour habitude, dans notre société, de respecter les volontés des défunts : il s'agit là d'une constante, y compris dans notre droit. En l'espèce, la volonté du défunt est très claire, puisqu'il a entamé le projet avec sa partenaire et que l'embryon est là : si l'on congèle les embryons, c'est bien pour pouvoir les réimplanter ultérieurement.

Il serait illogique de ne pas aller au bout du processus et de ne pas permettre à une femme de poursuivre le projet qu'elle a conçu avec son partenaire et qu'elle veut très normalement voir aboutir, même si ce dernier est décédé. Il y a quelque chose de cruel dans le fait d'enlever son enfant à une femme ayant déjà perdu son partenaire.

On m'opposera que les enfants conçus dans le deuil n'iront pas bien. Puisque chacun y va de son anecdote, je citerai le cas d'une amie dont le compagnon, bijoutier, a été tué brutalement. Quelques semaines après cette tragédie, un rayon de soleil est réapparu dans la vie de cette jeune femme lorsqu'elle a appris qu'elle était enceinte. Son enfant a aujourd'hui vingt-cinq ans. Il se porte très bien. Il a été élevé avec l'amour de ses parents et de sa mère, et le fait d'être né dans des circonstances tragiques ne l'a pas empêché de mener une très belle vie.

Mme la ministre nous explique que la PMA post mortem imposerait de revoir le droit des successions.

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