Attention, mes chers collègues : donner un rein pour sauver une vie, ce n'est pas exactement la même chose que donner un ovocyte pour concevoir un enfant ! Ce don dirigé nous ferait courir le risque de multiples dérives.
Si l'on s'intéresse aux motivations psychologiques, on peut comprendre l'idée de tendre vers une vraisemblance biologique d'une double lignée maternelle. Mais, très sincèrement, il y a surtout un danger pour la santé – je parle sous votre contrôle, madame la ministre des solidarités et de la santé : le traitement hormonal pour celle qui donne n'est pas anodin, puisque la stimulation ovarienne augmente les risques de thrombose. Il y a aussi des risques pour celle qui portera l'enfant – risque d'hypertension gravidique, notamment. Le rapporteur général du PLFSS était même intervenu en commission pour insister sur ce point. Dans les pays où la ROPA est pratiquée, comme la Belgique, elle pose des problèmes éthiques si graves que l'on permet aux médecins de faire jouer la clause de conscience. Regardez bien ! Enfin, on observe des conséquences sur la santé des enfants, notamment un faible poids.
Si l'une des femmes n'a plus d'ovocytes fécondables, pourquoi celle qui en a encore ne porterait-elle pas l'enfant ? La question qui se pose ici, c'est celle de notre rapport à la technique : ne doit-on pas privilégier la technique la moins lourde ? L'insémination avec donneur, ce n'est pas du tout la même chose qu'une fécondation in vitro. On risque ici de faire primer la technique, au détriment de la dimension médicale.
La fin ne justifie pas tous les moyens !