Qui l'aurait cru ? Certainement pas Michel Rocard, pourtant père de la CSG. Déjà, en 1995, celui-ci déclarait : « Je ne reconnais pas mon enfant. » Et pour cause : alors que la mesure se voulait sociale, elle est devenue antisociale.
À l'époque, les retraités qui ne payaient pas l'impôt sur le revenu étaient exemptés de la CSG. Maintenant, c'est tout juste si ceux qui ont plus de soixante-cinq ans ne seront pas davantage mis à contribution.
Il a fallu protester, s'agiter, hurler pour que le Gouvernement corrige à la hâte sa copie et assure finalement que les plus de soixante-cinq ans ne seraient pas visés par la mesure si le montant de leur pension dépasse 1 350 euros par mois. On a presque l'impression d'avoir remporté une victoire. Mais que fait-on des autres retraités, que le Président de la République considère comme aisés et qui gagnent plus de 1 200 euros par mois, tout en ayant moins de soixante-cinq ans ?
En mai 2017, Emmanuel Macron a déclaré : « Je leur demanderai cet effort pour avoir un système plus intelligent. » Ma question est simple : pensez-vous que l'ère de l'intelligence soit arrivée lorsqu'on taxe la France qui a travaillé toute sa vie – croyez-moi, quand on touche une retraite de 1200 euros par mois, ce n'est pas pour avoir occupé un emploi facile – et qui se trouve pénalisée une seconde fois, tandis que les ultra-riches se voient accorder des cadeaux fiscaux ?
Certes, vous combinez cette hausse de la CSG avec la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des foyers, mais là encore, je m'interroge, puisque Bercy avance pour sa part que deux tiers des retraités sortiront gagnants de la politique du Gouvernement d'ici à 2020. Alors, 80 % ou les deux tiers ? Quel est le bon chiffre ?