Je répondrai à M. Mélenchon sur les enjeux du shipping et des routes maritimes du Nord. Le trafic aujourd'hui en mer, ce sont les hydrocarbures et les liquides, le vrac, et les containers. L'économie du transport containers aujourd'hui, c'est de faire dix escales entre le fond de l'Asie et l'Europe pour charger et décharger à chaque fois. Au moment où le bateau passe à Singapour, il est plein et il part en Europe plein. Cela se remplit tout autour. Il y a beaucoup d'escales, beaucoup d'interactions avec beaucoup de territoires sur la route des containers, ce qui fait que le business existe et que les bateaux, que nous construisons aujourd'hui de plus en plus gros, arrivent à avoir assez de boîtes à transporter. Cela marche par le Sud, pas par le Nord et c'est la raison pour laquelle la compagnie maritime d'affrètement CMA-CGM a déclaré, il y a quelques jours avant le G7, qu'aucune de ses lignes containers ne passerait par le Nord demain. Ce n'est pas un enjeu de business pour le container shipping. En revanche, il y a des enjeux de business, bien sûr, pour sortir les ressources de l'Arctique. Des bateaux vont chercher le nickel, ils le font quasiment toute l'année, sauf pendant deux mois. Ces bateaux partent de Norilsk avec du nickel et vont à Mourmansk en Russie. Ce sont des bateaux qui sont modernes, dédiés à ces choses-là, adaptés. Il y a aussi les bateaux de transport de gaz naturel liquéfié (GNL) bien entendu, le « Christophe-de-Margerie » notamment, l'un des premiers transporteurs de GNL brise-glace qui transporte du GNL au nord de l'Arctique. Ce bateau-là l'a fait à dix reprises cette année 2018. Pour le vrac, le grain, ce n'est pas par-là que passent les échanges internationaux. Cela passe entre les greniers de l'Amérique latine et l'Asie. Cela passe d'est en ouest, et pas du tout par le pôle. Le tourisme a un impact. L'Organisation maritime internationale (OMI) a édicté un code polaire, le Polar Code, qui interdit le fioul lourd arctique parce que cela fait beaucoup de poussière, de black carbon, qui se dépose sur la neige qui devient noire et fond deux à trois fois plus vite avec le soleil, selon le phénomène d'albédo.
Je pense qu'il y a un enjeu que la France doit garder en tête et porter à la COP 15 de la biodiversité à Kunming l'an prochain en Chine, c'est cette biodiversité arctique, qui n'est pas seulement terrestre. Souvent, la biodiversité marine est le parent pauvre de ces enjeux-là, et l'Antarctique encore plus. Plus que de bien commun, il faut parler de responsabilité commune. Celle-ci sera un droit. Cela a été décidé et reconnu. La notion de bien commun est une notion juridique très floue, qui n'a pas d'assise. C'est un problème que nous rencontrons aussi sur la haute mer aujourd'hui. C'est un bien commun certes, mais surtout une responsabilité commune de protéger ces écosystèmes pour le futur.