« Aujourd'hui, samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée. Les soucis depuis bien avant la rentrée se sont accumulés, c'est le sort de tous les directeurs malheureusement. La succession d'inspecteurs qui passe à Pantin ne se rend pas compte à quel point tout le monde est épuisé par ces rythmes. Mais les directeurs sont seuls ! Tout se passe dans la violence de l'immédiateté. Ils sont particulièrement exposés et on leur en demande de plus en plus sans jamais les protéger. L'idée est de ne pas faire de vague et de sacrifier les naufragés dans la tempête ! Je remercie l'institution de ne pas salir mon nom. » Signé : « Christine Renon, directrice épuisée ».
Cette lettre, monsieur le Premier ministre, a été envoyée à tous les directeurs d'établissements de Pantin, à l'inspecteur, aux organisations syndicales. Je ne peux malheureusement pas la lire intégralement ici, mais c'est un cri public qu'a lancé Mme Christine Renon, juste avant son suicide, samedi matin, dans l'école maternelle qu'elle dirigeait à Pantin.
Dans un texte bouleversant de dignité et de retenue, mais aussi de clarté, elle dit son épuisement face aux réformes menées à marche forcée, les rythmes intenables, le manque de moyens humains et matériels, son sentiment de solitude et le manque de soutien de la part de l'institution. Un travail rendu impossible dans ces conditions – impossible jusqu'à l'irréparable.
Malheureusement, ils sont nombreux, comme elle, à être en très grande souffrance au travail. Certains vont jusqu'au suicide. Les enseignants sont à bout, jusqu'au suicide. Les policiers sont à bout, jusqu'au suicide. Les soignants sont à bout, jusqu'au suicide.