Je trouvais quant à moi monstrueux et barbare que l'on puisse demander, vingt ou trente ans après, à une femme qui avait eu le courage de porter un enfant et de le mettre au monde sous X si elle confirmait bien qu'elle l'avait abandonné ! Mon argument était qu'on ne posait pas ce type de question aux hommes, car encore fallait-il les retrouver. Dans sa brutalité, dans sa nudité, cet argument soulignait l'absurdité de l'idée selon laquelle il y a une vérité de la filiation biologique.
Vous me demandez, madame la rapporteure, ce que peut me faire que, pour d'autres, il y ait une vérité de la filiation biologique. Cela m'importe pour la raison que vous avez vous-même évoquée : nous sommes collectivement responsables des situations juridiques, morales et psychologiques que nous créons avec nos décisions.
Ce type de filiation résulte du code Napoléon, le code civil, et d'amples discussions avaient déjà eu lieu auparavant sur ce que devait être l'union d'un homme et d'une femme. Lorsque l'Église a introduit l'idée qu'il s'agissait d'un sacrement qui ne pouvait être défait, un progrès en a résulté, puisque le droit à la répudiation a été annulé.
Oui, collègues, je vous parle d'un progrès réalisé par l'Église ! L'impossibilité de la répudiation, parce que le mariage était un sacrement dont on répondait devant Dieu, a constitué un progrès du droit. Et peu importe les motifs pour lesquels ce progrès a eu lieu.
Tous ceux qui pensent ici que l'existence de Dieu n'est pas absolument prouvée peuvent se dire qu'après tout, avec un tel changement, on ne faisait que souscrire à une convention sociale. Or je ne dis pas autre chose aujourd'hui : notre débat porte sur une convention sociale, et je propose que nous assumions notre responsabilité ; assumons que nous avons créé une nouvelle filiation.
M. Aubert, qui est contre cette nouvelle filiation, m'a opposé, très logiquement, que nous allions d'une difficulté à l'autre. En effet, mais c'est la vie ! Les difficultés, on les règle !