Intervention de Didier Migaud

Réunion du vendredi 27 septembre 2019 à 12h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Didier Migaud, président du Haut Conseil des finances publiques :

Merci pour toutes ces observations et ces questions.

S'agissant des hypothèses macroéconomiques, nous avons considéré que la prévision du Gouvernement est atteignable. Pour 2019, cela peut être une question d'arrondi, tout simplement. Pour atteindre un taux de 1,4 %, il faudrait 0,35 % aux troisième et quatrième trimestres. Ce n'est pas nécessairement impossible : l'estimation de la Banque de France est de 0,3 %, comme celle de l'INSEE. Comment arrondira-t-on ? Il est vraiment difficile de se prononcer aujourd'hui, mais l'objectif peut tout à fait être atteint. En ce qui concerne 2020, le Gouvernement a réduit de 0,1 % sa prévision, qui correspond à la moyenne de la fourchette des estimations. Cela peut aussi dépendre de l'acquis de croissance en 2019 et de la façon dont on arrondit. Par ailleurs, tout cela est sous réserve que l'INSEE, dont vous avez auditionné le directeur général la semaine dernière, ne révise pas ses estimations pour les différents trimestres, à la hausse ou à la baisse. Nous considérons – je l'ai dit – que les hypothèses macroéconomiques sont tout à fait plausibles.

Quant aux incertitudes sur la conjoncture internationale, aucun organisme ne prend en compte dans son scénario central l'hypothèse d'un Brexit sans accord. Il existe beaucoup d'incertitudes sur les conséquences qui auraient lieu dans ce cas. On le voit bien quand on regarde l'ampleur de la fourchette pour l'impact possible sur la croissance dans l'Union européenne – et en France. L'INSEE, je l'ai dit, a chiffré l'impact d'un Brexit sans accord à 0,6 point de PIB, sur plusieurs trimestres. L'OCDE considère qu'il peut y avoir un impact de 0,5 point en France, tandis que l'OFCE retient un chiffre inférieur, celui de 0,25 point. Tout le monde considère qu'un Brexit sans accord aurait des répercussions sur l'activité dans notre pays, tout simplement parce que cela implique à moyen terme des pertes économiques, principalement liées à la réduction des échanges commerciaux. Néanmoins, cela dépendra très fortement des conditions de la mise en oeuvre du Brexit, en particulier de la mise en place ou non de droits de douane sur les produits importés au Royaume-Uni, de la préparation des entreprises – il n'est pas facile de mesurer si elles sont bien préparées – et des délais aux frontières pour les marchandises et les personnes.

La Banque d'Angleterre est beaucoup plus pessimiste que les instituts que je viens de citer en ce qui concerne l'impact sur le PIB au Royaume-Uni et les conséquences dans les États membres de l'Union européenne. Si vous le permettez, je vais laisser Richard Hughes vous en dire quelques mots.

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