Dans le même ordre d'idées, vous devez oeuvrer inlassablement pour que les projets industriels en cours entre la France et l'Allemagne – je pense notamment à l'avion de combat du futur – puissent advenir, car nous sentons se lever des réticences qui ne sont pas du tout dans l'esprit du traité d'Aix-la-Chapelle. En attestent les réponses d'un membre du gouvernement allemand à ce sujet la semaine dernière à Berlin. Nous devons là encore faire en sorte que les promesses initialement faites par les Allemands soient tenues. L'amitié doit s'accompagner de la vigilance.
En somme, ce traité sera ce que les gouvernements français et allemands en feront concrètement. Bien entendu, ne soyons pas naïfs : des différences vont perdurer entre la France et l'Allemagne. Imaginer que tout cela est un lit de roses serait d'une grande candeur. La vraie richesse est ailleurs : elle est dans la capacité à développer une intelligence collective pour gérer ces différences. La construction européenne a été et continuera à être possible aussi longtemps que nous serons capables de gérer les différences en amont et d'éviter qu'elles soient un frein à la construction d'un destin commun, en Europe en général et entre la France et l'Allemagne en particulier.
Cela étant, la crise de la zone euro l'a mis en évidence, la pression politique rend les compromis franco-allemands de plus en plus difficiles, car nos opinions publiques respectives tirent souvent dans un sens inverse. Cela montre la limite des seules approches gouvernementales et milite en faveur d'un travail de fond pour associer les citoyens à la coopération franco-allemande. Ce volet figure déjà dans le traité de l'Élysée au travers des jumelages, des échanges et des coopérations, mais la bonne nouvelle, c'est que désormais nos deux assemblées, le Bundestag d'une part, l'Assemblée nationale de l'autre, s'engagent à accompagner la coopération franco-allemande et à être forces de proposition et d'action.
Disons-le donc haut et fort, et soyons en fiers : tout ce qui contribuera à intensifier le dialogue et permettra de peser pour que la coopération franco-allemande soit inscrite à tous les étages de notre édifice institutionnel de part et d'autre du Rhin est souhaitable. Soyons résolument optimistes, mais lucides. Que vive la coopération franco-allemande !