À l'occasion de la journée de l'unité allemande, vous avez, madame la ministre, rappelé que le traité de l'Élysée conclu entre le président Charles de Gaulle et le chancelier Adenauer il y a cinquante ans avait pour vocation d'engager la France et l'Allemagne sur le chemin de la réconciliation. Celui d'Aix-la-Chapelle que nous allons ratifier la semaine prochaine prolonge cette volonté de rapprochement en l'inscrivant dans le contexte de notre temps, avec l'ambition de renforcer l'Europe face aux défis de notre génération.
Il ne s'agit plus de réconcilier, de guérir les stigmates de deux conflits sanglants, mais de concilier deux points de vue sur les sujets prioritaires, deux manières de faire vivre la démocratie, deux cultures de l'action publique.
En vérité, dans tous ces domaines, la pente naturelle du chacun pour soi nous mènerait droit à la crise. Elle produirait des désaccords et des conflits qui à terme menaceraient la stabilité du vieux continent et celle de ses institutions. Aussi le renforcement de notre coopération n'est-il pas une option facultative, mais une nécessité vitale. Qu'il s'agisse du climat, de l'économie ou des standards sociaux, il nous faut davantage avancer main dans la main. Au nom de mon groupe, je veux donc apporter mes encouragements à toutes les initiatives du chef de l'État et du Gouvernement qui iront dans le sens d'une meilleure entente.
Mais encore faut-il y associer nos peuples, à commencer par les assemblées parlementaires issues de l'expression de leur suffrage. Je profite de l'occasion pour vous remercier, monsieur le président, pour votre implication personnelle dans la création de l'Assemblée parlementaire franco-allemande. À Paris, personne n'ose imaginer qu'un choix politique majeur ne soit approuvé par le Parlement ; c'est encore plus vrai à Berlin. Ainsi l'Assemblée parlementaire franco-allemande est-elle un outil indispensable pour fortifier et concrétiser la volonté de coopération exprimée au sommet des deux États. C'est le sens de cette première résolution que nous examinons aujourd'hui.
J'ai eu le privilège de participer à son élaboration qui fut avant tout un travail de compréhension mutuelle. À cette occasion, j'ai constaté que, tous, nous voulions au plus vite concrétiser les objectifs du nouveau traité d'amitié pour lui permettre de répondre aux préoccupations des citoyens. C'est l'objet des deux premiers voeux et plus particulièrement de la création d'un fonds citoyen, ou encore de la constitution d'un comité de la coopération transfrontalière.
À la suite de nos échanges, le consensus est également apparu sur des choix politiques plus structurels dans le domaine du climat en matière de taxation du CO2, dans celui des entreprises ou encore dans celui de la recherche sur le numérique. Oui, j'ai dit « consensus » – un mot si naturel au pays de la grande coalition et presque incongru dans celui où l'on célèbre la prise de la Bastille. Du point de vue de la méthode, la délégation française aura au moins appris qu'il est possible de faire avancer les idées ou encore d'être l'aiguillon de son gouvernement sans s'inscrire obligatoirement dans un rapport de force.