Ne soyons pas naïfs : dans un monde fracturé par les inégalités, un monde meurtri par les crises et les conflits, un monde en état d'urgence environnementale, la maîtrise des migrations passe nécessairement par la solidarité internationale. Songeons que l'Afrique, qui compte, en 2019, 1,3 milliard d'habitants, en comptera 2,5 milliards en 2050, soit un quasi-doublement. Cet enjeu démographique de l'Afrique nous concerne tous et notre responsabilité est d'y répondre, dans l'intérêt des pays concernés mais aussi dans l'intérêt des Français, par une politique de développement à la hauteur – nous aurons l'occasion d'y revenir dans le cadre de la loi de programmation et d'orientation en matière de développement.
Une politique de développement à la hauteur, c'est une politique qui concentre ses efforts vers les pays les plus vulnérables, qui se trouvent pour la quasi-totalité en Afrique subsaharienne, qui traite les vraies fragilités : la santé, le climat, l'éducation, l'égalité entre les hommes et les femmes et qui, du coup, favorise la création d'emploi. Une politique d'environnement à la hauteur, c'est une politique qui met les moyens nécessaires, et c'est ce que nous ferons, comme l'ont confirmé Président de la République et, à l'instant, le Premier ministre, en portant notre aide publique au développement à 0,55 % de la richesse nationale d'ici à la fin du quinquennat.
Ce partenariat avec les pays d'origine et de transit, nous y travaillons donc à titre national mais aussi au niveau européen. Nous ferons en sorte que le prochain cadre financier pluriannuel prévoie des instruments de financement dotés de moyens à la hauteur des enjeux et qui intègrent les questions migratoires. Et cette problématique migratoire doit aussi être intégrée dans les dialogues politiques entre l'Union européenne et les pays tiers, ainsi que dans la préparation du futur accord post-Cotonou, actuellement en cours de négociation avec nos partenaires des pays ACP – Afrique, Caraïbes, Pacifique.
En effet l'Europe a un rôle essentiel à jouer : il n'y aura de vraie solution au défi des migrations que si les Européens agissent ensemble, et d'abord pour faire face aux situations d'urgence, comme en Libye, où des dizaines de milliers de migrants sont pris au piège de la guerre et de la traite humaine. Avec nos partenaires européens, nous sommes mobilisés pour trouver les voies d'une stabilisation de ce pays, afin que les organisations internationales puissent reprendre leur travail de protection et d'évacuation des réfugiés.
En Méditerranée, plus de 2 000 personnes ont péri, au cours de la seule année dernière, aux portes de notre continent. C'est inacceptable. Il est grand temps de mettre en place un mécanisme de sauvetage et de débarquement efficace et pérenne.