Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Néanmoins, l'égalité de traitement n'est pas totale : la plupart des minima sociaux sont soumis à des conditions de résidence plus restrictives pour les ressortissants étrangers en situation régulière que pour les ressortissants français. Cette différence de traitement ne doit pas faire obstacle à la qualité de la prise en charge, parce que s'adapter aux problématiques spécifiques aux personnes migrantes, c'est accueillir non seulement avec humanité, mais surtout avec intelligence. Aller vers ces populations, c'est non seulement s'assurer que le droit à la santé est pour elles une réalité, mais aussi faire un premier pas vers leur intégration.

Les permanences d'accès aux soins de santé, les « PASS », qui accueillent tout le monde de manière inconditionnelle, ont une mission d'accompagnement médico-social des personnes les plus vulnérables. Il existe aujourd'hui 455 PASS, dont 61 PASS mobiles permettant de faciliter l'accès aux droits ; ces permanences sont un point d'entrée essentiel pour la prise en charge des personnes migrantes, et leurs moyens ont été renforcés.

Le rapport du député Aurélien Taché pour une politique ambitieuse d'intégration des étrangers arrivant en France insiste sur la nécessité d'un accès effectif à la santé, notamment à travers la prise en charge du stress post-traumatique. C'est pourquoi j'ai lancé dès mon arrivée des travaux sur le parcours de santé des personnes migrantes primo-arrivantes, pour que cette prise en charge soit adaptée à leurs besoins spécifiques.

Ces besoins, nous les connaissons et nous pouvons les anticiper. Ce sont les vulnérabilités engendrées par le parcours de migration, avec ce que celui-ci peut impliquer de psychotraumatismes ou de violences sexuelles. C'est la prévalence de certaines maladies dans les pays d'origine, ou du fait des conditions de la migration. Ce sont des situations de fragilité extrême auxquelles font face les femmes enceintes ou les enfants. Ce sont enfin toutes les difficultés liées à la méconnaissance du système de santé et aux démarches qu'il faut entreprendre dans une langue que l'on ne maîtrise pas toujours.

Le parcours de santé des primo-arrivants, construit avec le secteur associatif, les professionnels de santé et les agences régionales de santé, a pour objectif de structurer et de renforcer le parcours de santé de ces personnes nouvellement arrivées sur le territoire français, qu'elles soient ou non en situation irrégulière, et d'organiser une prise en charge des besoins le plus précocement possible.

Il est toutefois normal de s'interroger sur l'efficience de ce système et sur l'identification d'éventuels abus. Lutter contre les abus, ce n'est pas affaiblir notre système, c'est au contraire le renforcer, en restaurant une confiance qui aujourd'hui semble faire défaut.

J'en reviens donc à l'aide médicale d'État. On peut parler des chiffres sans fausse pudeur. Il est vrai que la dépense est importante ; elle s'élève à 848 millions d'euros en 2018, en hausse de 6 % par rapport à 2017.

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