N'en faites pas un totem non plus. J'apprécie l'approche de Mme la ministre. On peut étudier ce dispositif pour en analyser les failles, c'est vrai. Cependant, il me semble beaucoup plus important de nous pencher sur le cas des visas de tourisme. De 80 à 90 % des gens qu'on appelle abusivement des « sans papiers » sont en réalité des clandestins, qui sont entrés régulièrement en France mais s'y sont maintenus irrégulièrement. Le visa de tourisme est ainsi le principal pourvoyeur de personnes en situation irrégulière.
Nous devons nous demander comment nous assurons le suivi effectif des demandes. Notre assemblée – pas simplement cette majorité, mais toutes celles que j'ai vu défiler ici – refusent ainsi la responsabilité de l'accueillant, même pour signaler que la personne ne repart pas. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous ne parvenons pas à agir avec réalisme, pragmatisme et détermination, tout en restant humains.
De même, les mairies qui délivrent les attestations d'accueil ne sont pas informées du fait que la personne précédente est repartie. J'ai été maire pendant dix-huit ans. Lorsque vous recevez dix demandes d'attestation d'accueil dans l'année, vous finissez par les accepter parce qu'elles remplissent les conditions, mais vous commencez à douter de l'effectivité du départ des gens qui ont été accueillis.
Monsieur le Premier ministre, j'avais essayé de le faire comprendre à M. Collomb : notre système « pourrit la vie » des gens honnêtes qui ont besoin de rendre visite à leur famille en France, sans empêcher ceux qui veulent tricher d'accéder à notre territoire. Je souhaiterais que soit créé un visa de visites familiales régulières pour trois ans.
Je citerai le cas de M. Fatealy, pharmacien dans ma commune de Drancy, malgache d'origine, aujourd'hui français et parfaitement intégré. Ses parents vivent à 1 000 kilomètres d'Antananarivo. Il n'y a pas de TGV et ils ne peuvent pas prendre l'avion. Ils doivent donc voyager durant trois jours pour déposer une demande de visa qui leur permettra de revoir leurs petits-enfants. Le retour leur prendra le même temps. Et ils devront refaire le même voyage pour aller chercher leur visa. Ils auront parcouru 4 000 km pour obtenir un visa ! Ils sont venus trois fois en France et en sont toujours repartis. Pourquoi oblige-t-on ces gens à déposer sans cesse de nouvelles demandes de visa de tourisme alors que nous pourrions les autoriser, comme les hommes d'affaire, à aller et venir durant une durée déterminée, ce qui leur permettrait de mener une vie familiale normale ?