C'est ce qu'ont fait 500 000 Grecs et 400 000 Espagnols devant la ruine de leur pays. Nous tournons le dos à ce défi lancé à la civilisation humaine dans son ensemble.
Les gens doivent pouvoir rester chez eux. « Vivre et travailler au pays », disait-on il y a trente ans, quand on refusait les migrations entre régions françaises ! Il faut relocaliser les productions et avoir un bon usage des frontières. Les marchandises et les capitaux doivent circuler moins librement pour que les gens ne soient pas forcés d'entrer dans leur danse.
Quel genre de mur allez-vous inventer pour vous prémunir contre le désir qu'a chaque être humain d'améliorer son existence ? Vous avez versé de grosses larmes sur le mur de Berlin ; il est tombé. Il s'en est construit depuis soixante-quinze dans le monde, sur 40 000 kilomètres de long, c'est-à-dire l'équivalent de la circonférence de la terre !
Tout cela ne mène nulle part. Répondre à un défi nécessite d'abord de poser le bon diagnostic. Le pays mérite mieux qu'un collage de fantasmes et des bricolages de technocrates.
Les immigrés sont les victimes d'un ordre économique et géopolitique ; vous les montrez du doigt. Le dommage est plus étendu qu'il y paraît, monsieur le Premier ministre : les ancêtres d'un quart d'entre nous sont issus leurs rangs. Quand on stigmatise le nouvel arrivant, on stigmatise en même temps les millions d'entre nous qui sommes leurs enfants d'hier et qui sommes fiers de leur sacrifice et de leur effort.