Intervention de Marielle de Sarnez

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez :

C'est la prise en compte d'un fait évident : la réponse à la grande question des migrations ne peut plus être partielle, elle doit être globale ; elle ne peut plus dépendre d'un seul département ministériel, mais relever d'une action d'ensemble, définie, explicite et fédératrice.

La question des migrations est à la dimension du siècle. Le nombre de migrants a augmenté de 40 % en quinze ans, celui des réfugiés a plus que doublé en moins de dix ans. Cette évolution est globale, et l'Europe est loin d'être la plus concernée : le plus souvent, la migration se fait en direction des pays les plus proches des zones de conflits, de catastrophes ou de misère. Cette évolution est également durable : aucune de ses causes – guerres, crises politiques, pression démographique, pauvreté, inégalités, changement climatique – ne disparaîtra à court terme.

Nous voilà donc devant une des plus lourdes responsabilités qu'une génération doive assumer. Il est juste de dire que les peuples ont le sentiment – pour ne pas dire la certitude – qu'il n'y a pas de politique définie et conduite par les nations et les grands ensembles sur la question des migrations. Lorsque la puissance publique est impuissante, alors les peuples se retournent contre les responsables désarmés, prenant en même temps pour cible les migrants en un rejet qui touche à la couleur de peau, à l'origine, à la religion.

Il suffit d'énoncer ces faits pour comprendre à quel point nous avons besoin d'une vision d'ensemble pour dessiner une politique publique qui prenne en compte les intérêts de tous : d'abord, ceux des pays d'origine, parfois ambivalents, qui sont désarmés devant la fuite des plus jeunes, souvent les plus instruits, mais bénéficient aussi d'une source considérable de revenus, par le biais des transferts – 500 milliards de dollars par an au niveau mondial ; ensuite, ceux des pays de transit, qui servent de cadre à tous les trafics, aux dérives mafieuses, aux traitements inhumains, à la violence, et parfois au terrorisme ; enfin, ceux des sociétés d'accueil, pour lesquelles la question de la capacité à intégrer de nouveaux arrivants dans de bonnes conditions est légitime, tant est ressentie comme pressante la question sociale et culturelle.

Ma conviction est qu'il est possible de définir une politique en matière de migration, et de la faire partager aux Français comme à nos partenaires. Je veux énoncer ce que devraient être, à mes yeux, les principes d'une telle politique.

Premier principe : nous devons séparer la question de la migration économique de celle de l'asile. Il existe un large accord, au sein de la nation et parmi ses élus, pour préserver et sanctuariser le droit d'asile, dont l'exercice est pourtant menacé. L'asile étant la seule voie ouverte aujourd'hui, les migrants s'y engouffrent, quelle que soit la réalité de leur situation. Cela explique des taux de refus élevés, proches de 70 %, et une confusion, dans l'esprit de nos compatriotes, entre migrants économiques et réfugiés. Faute de règles communes au sein de l'Union européenne, un très grand nombre des demandes d'asile enregistrées en France sont en réalité des demandes refusées chez nos voisins.

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