Alors au Rassemblement national et à ceux qui courent derrière lui, je le dis : votre projet n'en est pas un. Votre projet n'est qu'un rejet. Vous n'êtes que des imposteurs. Affronter les réalités, c'est au contraire rassembler les progressistes pour définir une stratégie en matière de politique migratoire. Et c'est ce que cette majorité s'emploie à faire, contre les attentes de tous ceux qui s'imaginaient que nous serions divisés.
Parce que nous sommes au pouvoir, parce que nous connaissons l'importance des enjeux, nous avons su nous rassembler autour de priorités stratégiques très bien énoncées par le président Le Gendre : garantir le droit d'asile, examiner sans concession l'ensemble de nos dispositifs, avoir une approche plus transversale des politiques migratoires, défendre une refonte de l'asile en Europe, repenser notre approche en matière d'immigration économique et analyser de façon stratégique nos politiques de développement. Et nous devrons le faire sans totem ni tabou.
Je voudrais insister à cet égard sur le sujet de l'immigration économique, car il est au fond symbolique du débat que nous avons depuis des années sur la question des politiques migratoires, et qui réduit celle-ci au problème de l'asile. C'est évidemment une vue trop étroite. Nous nous sommes enfermés dans des postures, à l'image des progressistes qui, justement parce qu'ils ne traitent pas sérieusement la question de l'asile, ont peur d'être balayés par les extrémistes et perdent le courage de dire des vérités sur l'immigration économique.
Quelles sont ces vérités ? Que l'immigration économique représente une part très faible, très minoritaire des entrants en France : à peine plus de 10 % ; que les économistes nous disent tous que l'immigration économique n'entraîne pas de chômage dans notre pays, et que, bien au contraire, elle crée de la croissance ; que l'immigration économique ne tire pas vers le bas les salaires des Français ; que nous savons très bien qu'il y a des centaines de milliers d'emplois non pourvus et qu'ils constituent un frein à notre croissance et à notre développement.
Certes, il ne s'agit pas d'accueillir des centaines de milliers de personnes, d'être les naïfs de la mondialisation, mais, quand on sait que la liste des métiers en tension – vous l'avez rappelé tout à l'heure – n'a pas été réactualisée depuis 2008 et que seuls 15 % des métiers d'alors sont encore en tension aujourd'hui, je crois que nous avons le devoir de repenser notre stratégie en matière d'immigration économique. Nous le faisons en employant une méthode, très bien énoncée tout à l'heure par Marielle de Sarnez, faite de concertation avec les partenaires sociaux et avec les représentants des collectivités territoriales. Car nous devons également avoir sur cette question une approche territoriale pour mieux définir nos besoins, y compris en posant la question des quotas en matière d'immigration économique – j'y suis favorable. Vous le voyez, notre ambition est grande.