Mais il nous faut aller plus loin, et prévoir désormais les mêmes règles pour tous, étrangers et Français, en ayant une approche véritablement holistique de cette politique. C'est un impératif de justice et la condition du succès.
Que le ministre des affaires étrangères et la ministre des solidarités et de la santé soient aujourd'hui présents pour participer à notre débat, en même temps que le ministre de l'intérieur, est donc une excellente chose. Je préconisais, en conclusion du rapport que j'ai remis au Premier ministre, l'an passé, la création d'un établissement public spécifique, qui rassemblerait tous les services compétents en matière d'intégration, au sein duquel siégeraient les collectivités locales, les partenaires sociaux et des chercheurs spécialistes du sujet afin de faire sauter tous les verrous qui continuent d'entraver la politique d'intégration. Cette proposition me semble plus que jamais d'actualité.
Dans ce domaine plus que dans tout autre, une véritable transversalité est en effet la condition de l'efficacité, et si l'ordre public doit être respecté, il ne peut constituer l'alpha et l'oméga de l'accueil des étrangers. On trouve aujourd'hui, dans les campements du nord de Paris, près de 20 % de réfugiés statutaires ayant obtenu l'asile : comment peut-on protéger quelqu'un dont la vie est menacée, puis en faire ensuite un sans-abri ? Quelle intégration dans ces conditions ?
Ceux qui ont réussi à fuir l'horreur espèrent seulement, en arrivant dans notre pays, retrouver un peu de dignité et travailler. Agissons donc pour que l'errance, qui peut conduire au pire, ne soit pas leur seul horizon ! C'est cela, la justice. Elle suppose de donner les mêmes chances à chacun, ni plus ni moins. Il est normal que ceux qui n'ont pas pu apprendre le français pendant leur scolarité puissent le faire à leur arrivée. Plus ce sera rapide, mieux ce sera, car sans la langue, il n'y a ni travail ni citoyenneté.